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Pipette et entonnoir: comment un marché parallèle de don de sperme s'est créé sur Internet

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ENQUÊTE RMC. Alors que l'agence de biomédecine lance une campagne pour le don de gamètes, le "marché noir" du sperme en ligne continue de se développer. Car avec l'ouverture de la PMA à toutes les femmes en 2021, la demande explose.

L'Agence de biomédecine lance une nouvelle campagne de dons pour les gamètes (ovocytes et sperme). Un véritable tour de France: 10 villes, 10 dates, 10 lieux de rencontres pour sensibiliser et recruter des donneurs. Car depuis la loi de 2021 élargissant la PMA à toutes les femmes, les demandes ne font qu'augmenter. Pour le sperme par exemple, il y a 13.000 demandes de PMA par an, pour près de 700 donneurs.

Il manque au moins 1.400 donneurs par an pour répondre à la demande, un don de spermatozoïdes pouvant permettre jusqu’à dix naissances maximum. Et il y a forcément beaucoup de frustration chez les personnes qui souhaitent fonder une famille. Une frustration qui pousse parfois à devenir hors la loi: un marché parallèle s'est créé sur Internet. Des dons de sperme gratuits, mais illégaux.

En quelques clics, on tombe par exemple sur l'annonce de Billie, en couple depuis 11 ans. La PMA, elle y a pensé, mais pas longtemps: "Je me suis rendu compte que le temps d'attente était quand même long", explique-t-elle.

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
Ça nous concerne : Gamètes, un tour de France pour recruter des donneurs - 18/09
2:08

Un contact sur les réseaux sociaux en quelques jours

Il faut en effet près d'un an et demi en moyenne. Alors que sur les réseaux sociaux, le contact avec ces donneurs de sperme s'est fait en à peine quelques jours… "On a programmé la rencontre pour la deuxième semaine d'octobre. Si on n'attaque pas tout de suite, ils peuvent répondre à une autre demande car il faut savoir qu'il y en a pas mal", reconnaît-elle.

Il n'y a qu'à voir les dizaines de messages postés quotidiennement. Beaucoup d'hommes y répondent: par altruisme souvent, par malveillance parfois. Pour Tony, donneur depuis six ans, c'est autre chose: "Initialement, c'est mon propre désir d'enfant qui ne peut pas trouver de réponse, en tout cas pas facilement, parce que je suis gay".

L'alerte des professionnels du secteur

Après des dons légaux, Tony se lance dans ce système parallèle. Il le fait toujours de manière artisanale, à l'aide d'une pipette et d'un entonnoir. Et ça fonctionne. "Il y a une vingtaine d'enfants qui sont nés, répartis dans toute la France", assure-t-il.

Mais les professionnels du secteur, l'Agence de biomédecine en tête, rappellent les risques. Sanitaires, d'abord, car la santé du donneur ne peut être garantie. Mais aussi les problèmes de filiation: à tout moment, la reconnaissance de paternité peut être demandée.

Et selon l'article 511-12 du code pénal, "le fait de procéder à une insémination artificielle par sperme frais ou mélange de sperme provenant de dons […] est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30.000 euros d'amende".

Solène Leroux (édité par J.A.)