RMC
Santé

Pourquoi l'ouverture à la prescription à tous les médecins des médicaments anti-obésité inquiète

placeholder video
Wegovy, Mounjaro, Saxenda... des médicaments anti-obésité disponibles dès ce lundi sur prescription et renouvelable par tous les médecins. Ils étaient jusqu'ici l'apanage de médecin spécialistes en endocrinologie-diabétologie-nutrition. L'Agence National du médicament, à l'origine de la décision, justifie une volonté de faciliter un accès plus équitable à ces traitements.

À partir de ce lundi, tous les médecins pourront prescrire et renouveler trois médicaments anti-obésité: le Wegovy, le Mounjaro et le Saxenda. Auparavant, seuls les médecins spécialistes en endocrinologie-diabétologie-nutrition y étaient habilités. Ces médicaments sécrètent une hormone qui réduit la prise alimentaire. Ils peuvent donc être très efficaces pour stabiliser le poids des personnes malades, mais cela peut aussi avoir des effets secondaires négatifs.

C'est une grande avancée pour les presque 10 millions de personnes qui souffrent d'obésité en France. Mais les patients, les associations et les professionnels de santé soulignent la nécessité d’un suivi poussé.

Cette ouverture de la prescription, c’est le début d’une nouvelle ère de champ thérapeutique pour Anne-Sophie Joly, présidente du Collectif national des associations d'obèses.

“C’est une révolution pour les patients dans la mesure où ils sont suivis par le professionnel de santé”, indique-t-elle.

Un suivi nécessaire

Caroline est accompagnée par un médecin spécialisé depuis trois ans et le début de son traitement au Wegovy. “Il a changé ma vie, tout simplement. Ce n’est pas simplement prendre une injection et tout est réglé. Il y a quand même beaucoup d’effets secondaires donc il faut pouvoir avoir le suivi d’une personne qui est qualifiée. Aller simplement chez son médecin traitant, qui ne connaît pas la molécule, qui ne connaît pas la maladie, j’ai du mal à penser que ça puisse fonctionner”, tempère-t-elle.

Un écueil que souligne Antoine Epin, docteur nutritionniste. Selon lui, l’ouverture de ces prescriptions est précipitée.

“C’est des traitements qui doivent être délivrés au cas par cas. Chaque individu va être complexe dans sa réaction au traitement. Ce n’est pas un traitement esthétique. On aurait peut-être pu déjà former les nouveaux acteurs avant d’ouvrir les droits de prescription”, juge-t-il.

Il le souligne que pour fonctionner, ces médicaments doivent s’inscrire dans une évaluation globale de la maladie et faire partie d’un traitement pluridisciplinaire.

Lucile Pascanet avec Guillaume Descours