Pourquoi la pénurie de puces électroniques est une catastrophe pour l'industrie automobile
Comment l’infiniment petit peut mettre à mal l’infiniment grand. C’est l’histoire d’une puce minuscule qui dérègle le marché mondial. Cette puce, on l’appelle aussi semi-conducteur. C’est un composant électronique indispensable au fonctionnement de la plupart de nos objets du quotidien. Et comme il vient à manquer, beaucoup d’industries sont en ce moment au ralenti ou à l’arrêt.
Comment expliquer cette pénurie ?
Deux raisons. D’abord, la croissance de la demande n’a pas été anticipée, et les ventes d’ordinateurs, de télévisions, de tablettes, ont explosé avec les confinements et le télétravail. Des besoins qui grimpent, une production qui stagne.
Et puis il y a un facteur plus structurel. L’Europe dépend de l’Asie. Pour les masques, c’était la Chine, et cette fois, c’est Taiwan, qui représente 76% du marché mondial de ces micros composants. Les difficultés d’approvisionnement qui vont avec la crise sanitaire pèsent lourd. Résultat, Samsung craint de ne plus pouvoir produire assez de smartphones, Microsoft et Sony de ne pas assembler suffisamment de consoles de jeu ou d’ordinateurs, mais le secteur qui en souffre le plus, c’est l’automobile.
Et ça pourrait coûter très cher aux constructeurs.
61 milliards d’euros de pertes de chiffre d’affaires. Ce sont les prévisions d’un cabinet d’études. Et de fait, Toyota, Nissan, Honda ou Ford ont déjà annoncé le ralentissement de leurs productions. Renault a dû mettre à l’arrêt pendant deux jours son site de Sandouville. Une de ses lignes de production au Maroc est également touchée.
L’autre inquiétude, c’est que la crise s'étende aux sous-traitants. Pour l’instant, seul l’équipementier Faurecia, dans le Doubs, s’est mis sur pause pour cinq semaines. Le ministère de l’Industrie dit suivre la situation de très près et appelle l'Union européenne a réinjecter de l’argent dans la filière des semi-conducteurs.