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Pourquoi la vaccination en secret de Nicolas Sarkozy fait grincer des dents?

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LOUIS VA PLUS LOIN - Pour l'instant, la vaccination n'est ouverte qu'aux soignants et aux plus de 75 ans. Or, l'ancien président de la République n'a que 66 ans.

C'est une vaccination qui fait polémique. Au mois de janvier, à l’hôpital militaire de Percy à Clamart, l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, a reçu une première dose du vaccin Pfizer, révélait jeudi L'Express.

Mais c'est une dose a priori indue, puisque Nicolas Sarkozy n’a que 66 ans, et pas 75, et n’est pas soignant: il ne rentre donc pas dans la catégorie de personnes pouvant recevoir le précieux sérum.

Le gouvernement, dans un silence gêné, se retranche derrière le secret médical. Silence aussi de l’entourage de l’ancien chef de l’Etat, qui affirme qu’un médecin de ville lui a prescrit cette injection en raison, "d’une pathologie à risque". Depuis le 18 janvier, en effet, la vaccination est ouverte à tous les patients souffrant d’une maladie grave, rare ou chronique. Peut-être est-ce le cas de Nicolas Sarkozy. Impossible de l’affirmer ce matin. Seule certitude, les ex-Présidents ne sont pas prioritaires. François Hollande, lui, a indiqué avec malice qu’il attendrait sagement son tour.

Ce n’est pas la première fois que l’on évoque des passe-droit ou des coupe-files…

Il y a dix jours, nos confrères de Franceinfo avaient par exemple révélé que l’hôpital américain de Neuilly avait vacciné dernier une vingtaine de ses dirigeants mais aussi quelques-uns de ses donateurs…Tout cela avant même que les soignants de l’établissement y aient droit.

On peut également citer le coup de gueule de la CGT qui a accusé le patron des hôpitaux parisiens, Martin Hirsch, d’avoir discrètement organisé la vaccination de plusieurs fonctionnaires de la ville de Paris et de quelques personnalités non prioritaires dont les noms n’ont pas filtré. L’équipe d’Anne Hidalgo a démenti dès le lendemain.

En même temps, le système de prise de rendez-vous n’empêche pas les personnes non prioritaires de s’inscrire…

Mais il n’y a pas que de la triche ou des passe-droits. Certains profitent légalement des failles du système. Parce que, quand on prend rendez-vous sur Doctolib, sur santé.fr ou sur les autres plateformes, on doit renseigner son âge et les pathologies dont on souffre, mais aucune vérification n’est faite, à la fois pour gagner du temps et respecter le secret médical.

Et quand vient l’heure de l’injection, c’est déjà trop tard, les doses sont préparées, on ne peut pas les recongeler, donc renvoyer les gens chez eux reviendrait à gâcher des vaccins.

Louis Amar (avec Guillaume Dussourt)