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Pourquoi une propagation du virus passant par les visons serait dangereuse pour l'homme

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1.000 visons d'un élevage où 35% d'entre eux étaient contaminés au Sars-Cov2 ont été abattus en France. Barbara Dufour, professeur d’épidémiologie à l’école vétérinaire d'Alfort explique pourquoi il était indispensable de faire cela.

Après le Danemark et Pays-Bas, la France vient à son tour de détecter la présence de Covid-19 dans l'un de ses quatre élevages de visons, en Eure-et-Loir. Les mille bêtes à fourrure ont été abattues.

"L'abattage de la totalité animaux encore présents sur l'exploitation et l'élimination des produits issus de ces animaux" ont été ordonnés dimanche par arrêté, comme l'ont annoncé les ministères de l'Agriculture, de la Santé et de la Transition écologique. 

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"Ces mutations peuvent tuer le virus, mais aussi lui permettre de s'adapter"

Barbara Dufour, professeur d’épidémiologie et de maladies infectieuses à l’école vétérinaire d'Alfort, était l'invitée de RMC ce lundi matin est concède qu'une propagation à partir de ces animaux pourrait être dangereuse pour l'homme.

"Les animaux étaient contaminés donc l'abattage était important pour protéger le personnel, notamment. Ils ont été contaminés par des hommes à l'origine, mais en circulant sur ces nombreux visons, le virus s'était modifié, il avait changé, et il pouvait donc toujours recontaminer l'homme, mais un peu différent, et il serait moins réactif aux vaccins qu'on tente d'élaborer.
Le passage d'un animal à l'autre permet au virus en se répliquant de muter. Ces mutations peuvent tuer le virus, mais peuvent aussi lui permettre de s'adapter et d'échapper plus facilement aux réactions immunitaires, de faire un nouveau virus en quelque sorte. Ce nouveau virus, s'il est détruit tout de suite, le risque est nul. Il deviendrait dangereux s'il était capable de coloniser un humain, puis des humains, et du coup les vaccins en cours d'élaboration auraient moins d'efficacité."

"Particulièrement réceptifs aux coronavirus"

Le vison peut en effet contracter la maladie, mais donc aussi réinfecter l'être humain. Il est la seule espèce connue à ce jour à l'origine de contamination inter-espèces, en l'occurrence vers l'Homme et le chat, rappelle l'Anses. 

"Ce sont des petits carnivores particulièrement réceptifs aux coronavirus. Les furets aussi. On s'est rendu compte que la Sars-Cov1 s’est répandu en 2009 à Hong-Kong et en Chine – et qui est assez proche du Sars-Cov2 qui sévit actuellement – a eu comme hôte intermédiaire avant sa transmission à l’homme une civette palmiste, de la même famille. L'élevage favorise la transmission et la mutation à cause de la proximité."
J.A.