Réintégration des soignants non-vaccinés: "C’est incompatible avec nos fonctions de soignants"
Remettre sa blouse blanche, Julien, soignant suspendu en fin d'année dernière, ne demande que ça. Il aimerait renouer avec sa vocation pour le bien de l'hôpital. "Cela me paraît logique étant donné qu’il y a du manque d’effectif partout et qu’on est de l’effectif qui peut être là. Il suffit d’ouvrir la porte", assure-t-il à RMC.
Comme lui, ils sont environ 500 soignants, non-vaccinés, soit 0,3% du total des effectifs, à avoir été suspendus en octobre 2021. Pendant presque un an, Julien a vécu de petits boulots d'intérim, une situation difficile qu'il a toujours du mal à avaler.
"Après avoir donné tant d’années avec du cœur toute mon énergie, me retrouver rejeté comme un outil dont on n’aurait plus besoin et qu’on jette à la poubelle, ça fait très mal", déplore le soignant suspendu.
"On ne peut pas exercer sa liberté de conscience dans ce cas-là"
Mais alors que le pic de la 7e vague de Covid-19 semble être passé, la question de la réintégration des soignants non-vaccinés fait débat au sein même de la profession. Si la vaccination n'empêche pas de transmettre le virus selon le Conseil scientifique, ce n'est pas une raison suffisante pour réintégrer les personnels non-vaccinés, estime Abdel Dougha, aide-soignant de nuit à l'hôpital Saint-Antoine à Paris.
"C’est incompatible avec nos fonctions de soignants. On ne peut pas exercer sa liberté de conscience dans ce cas-là. Il y aura un clash forcément, ça va compliquer les choses sur le terrain. Si vous n’avez pas confiance en votre collègue non-vacciné qui revient, il y aura un décalage", croit-il savoir.
Abdel Dougha estime aussi que les patients pourraient avoir peur d'etre pris en charge par des professionnels non-vaccinés. Après une première vague de suspension massive de soignants, deux tiers d'entre eux s'étaient finalement vaccinés et avaient repris le travail dès octobre 2021.