Santé: pourquoi les dépassements d'honoraires sont de plus en plus fréquents chez les spécialistes

De plus en plus de médecins spécialistes pratiquent des dépassements d’honoraires. Plus d'un spécialiste sur deux est désormais conventionné en secteur 2, et peut donc fixer librement ses honoraires. Ils n'étaient que 37% en 2000.
C'est ce que révèle le Haut conseil pour l’avenir de l’Assurance maladie dans un rapport publié ce jeudi matin. Le montant total des dépassements d’honoraires des médecins spécialistes a atteint 4,3 milliards d'euros l'an dernier (plus 5% par rapport à 2019).
Et un Français sur quatre estime que les dépassements d’honoraires pratiqués par certains médecins ne sont pas justifiés. Des dépassements d'honoraires, Catherine une professeur d'art, doit en payer régulièrement.
“Par exemple pour l’opération de cataracte, c’est 1.000 euros. Mais bon, on est quand même content d’être en bonne santé. Donc on accepte et on a confiance en son médecin. Mais d’un autre côté, je comprends aussi qu’il y a des gens qui n’ont pas les moyens de payer des dépassements d’honoraires”, pointe-t-il.
Un phénomène qui touche particulièrement les plus âgés: les personnes de 70 à 79 ans paient deux fois plus de dépassements que les 30-39 ans. Pour un IRM, Eric 78 ans n'a été remboursé que d'un tiers du prix total de la prestation. "Ce qui m’embête, c’est que ce n’est pas expliqué. Quand c’est expliqué, quand il y a des vraies raisons, on accepte", souligne-t-il.
Une augmentation qui devrait se poursuivre dans les prochaines années
Vincent Dedes est ophtalmologue conventionné secteur 2. Sans les dépassements d'honoraires, ils ne pourraient pas poursuivre son activité. “Ce serait même une perte d’argent. Quand je me suis installé, la biométrie, le calcul de l’implant de la cataracte, qui aujourd’hui est l’acte médical le plus fréquent, l’appareil coûtait entre 5.000 et 7.000 euros il y a 20 ans. Aujourd'hui, il coûte entre 50.000 et 60.000 euros”, appuie-t-il.
Autres professionnels de santé qui pratiquent régulièrement du dépassement d’honoraires, les kinésithérapeutes.
“On a fait une enquête avec l’ordre et on sait qu’environ un kiné sur quatre fait des dépassements d’honoraires. C’est la situation économique qui leur impose de faire ça. Je suis consciente que ce n’est pas du tout satisfaisant pour les patients, mais si je vous donne un ordre d’idée de l’acte, il est entre 18 et 20 euros pour 30 minutes sachant qu’on a 48% de charge avant impôt. Il ne reste presque rien. Et en 14 ans, l’acte a augmenté de 1,20 euro. Donc ça devient de plus en plus difficile pour les kinés qui se tournent vers les dépassements d’honoraires”, indique sur RMC, Pascale Mathieu, Présidente du Conseil national de l'ordre des masseurs-kinésithérapeute.
D'après le Haut conseil pour l’avenir de l’Assurance maladie, l'augmentation des dépassements d'honoraires devrait se poursuivre dans les prochaines années.