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"Intolérable": un an après le scandale Buitoni, les familles des victimes attendent des réponses

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Des dizaines de contaminations, deux décès, des séquelles à vie... Un an après le scandale des pizzas Buitoni révélé par RMC, les proches des victimes attendent toujours des réponses. Au total, 56 enfants avaient été contaminés et deux sont morts.

Des images et une affaire qui avaient choqué la France. Un an après les révélations du scandale Buitoni par RMC, les familles de victimes dénoncent les longueurs des procédures. Des pizzas surgelées de la gamme "Fraich-Up" de Buitoni avaient été contaminées à la bactérie E.coli. Au total, 56 enfants ont été touchés par la bactérie et deux en sont décédés.

Sauf que depuis, "on en est au même point, rien n'a changé", déplore Mickaël, le père de Bérénice, victime de cette bactérie. Après avoir consommé une pizza le 16 mars 2022, elle a été prise de vomissements et de diarrhées, obligeant ses parents à l'emmener aux urgences. Elle s'est retrouvée dans le coma pendant trois semaines, a fait deux arrêts cardiaques et est restée hospitalisée durant deux mois.

Perte de sensibilité, et longues cicatrices sur les mollets: sa vie a complètement changé. Aujourd'hui, elle est scolarisée normalement mais elle a été reconnue handicapée moteur.

"Je dois prendre des médicaments pour le coeur, aller souvent à l'hôpital, faire des séances de kiné trois fois par semaine. J'ai plus le droit de manger des pizzas déjà faites. Je trouve que c'est un peu énervant mais je me dis que c'est pour ma santé", explique Bérénice.

Bérénice, 7 ans: "Je suis en colère contre ceux qui ont fait la pizza"

D'après les médecins, Bérénice perdra ses reins "un jour" mais ils ne savent pas quand. Il y a également eu des complications au niveau de sa jambe à cause de son coma, notamment une perte de sensibilité et de mobilité.

Des questions tourmentent toujours la petite fille. "Je ne comprends pas pourquoi dans cette pizza il y avait une bactérie et je ne comprends pas pourquoi cette bactérie peut faire mourir les gens, les enfants. Je trouve ça méchant et moi je suis en colère contre ceux qui ont fait la pizza", ajoute Bérénice, qui pourra, dans quelques jours, fêter ses huit ans. L'an dernier elle n'avait pas pu: elle était dans le coma, à l'hôpital.

La colère est partagée par ses proches, qui attendent des réponses, en vain. Son père trouve l'attente judiciaire "intolérable":

"Il y a eu une audience préliminaire début février qui a encore été reportée au mois de mai. C'est le calme plat, c'est intolérable, quand on voit que l'enquête n'est toujours pas close au bout d'un an. Je me fais la voix de notre avocat, mais on sait qu'aucune famille n'a été entendue, ni même convoquée [...] c'est regrettable, surtout que ça a touché uniquement des enfants", ajoute Mickaël.

"On veut qu'ils payent, mais pas que financièrement", explique son père

Mickaël aimerait que la procédure aille plus vite et n'attend pas que de l'argent. Il veut que ce scandale fasse bouger les choses et surtout, que ça ne se reproduise plus.

"C'est le pot de terre contre le pot de fer, car en face c'est Nestlé, mais on mènera nos actions jusqu'au bout. On veut qu'ils payent, pas que financièrement, mais que Nestlé soit jugé coupable, qu'il y ait des responsabilités qui soient établies, parce qu'il y a d'énormes manquements au niveau qualité. Il faut que ce procès aboutisse à un changement au niveau des contrôles sanitaires en France, je pense que c'est l'occasion", conclut-il.

Sur le plan civil, les sociétés Nestlé et Spac (qui commercialise la marchandise) ont été condamnées mardi par le tribunal judiciaire de Toulon, à verser 20.000 euros à titre de provision à une famille du Var, en réparation du préjudice corporel subi.

Caroline Philippe (édité par Astrid Bergere)