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"Système social détricoté": vers une mobilisation sociale des professionnels de santé à la rentrée?

Un médecin remplit un arrêt maladie. (Illustration)

Un médecin remplit un arrêt maladie. (Illustration) - Martin Bureau - AFP

Au lendemain de l'annonce selon laquelle le Gouvernement envisage de décaler les jours de carence dans le secteur privé en cas d'arrêt maladie de trois à sept jours, l'idée fait grincer des dents chez les patrons. Sur le plateau des Grandes Gueules mardi 22 juillet, le médecin Jérôme Marty pointe du doigt un système social mis à mal.

Le personnel soignant dans la rue pour la rentrée? Au lendemain de l'information des Echos selon laquelle la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet souhaite décaler le jour à partir duquel l'Assurance maladie prend en charge les arrêts de travail, certains spécialistes montent au créneau.

C'est le cas du médecin Jérôme Marty, chroniqueur RMC et président du syndicat médical Union française pour une médecine libre (UFMLS). Sur le plateau des Grandes Gueules ce mardi 22 juillet, ce dernier fustige l'idée d'Astrid Panosyan-Bouvet de passer les 3 jours de carence du secteur privé à 7.

Un projet de marche blanche en septembre

Dans les faits, cette idée signifie une plus grande prise en charge par les entreprises et leurs assureurs, ou aucune indemnité pour les salariés sans accord d'entreprise.

"Les petites entreprises vont être fusillées. Imaginons une société avec deux salariés, un tombe malade, c'est le dirigeant qui va financer les sept jours d'arrêt. C'est la double peine. Il manque quelqu'un, l'entreprise est moins productive et c'est au patron de payer, qui n'aura pas d'autre choix que de virer son salarié et de bosser seul, donc créer du chômage", explique Jérôme Marty.

A vous de nous dire : Arrêt maladie, 7 jours de carence pris en charge par les entreprises, qu'en pensez-vous ? - 22/07
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"Hospitaliers ou dans le libéral, nous en avons marre de voir notre système social détricoté. Nous sommes en train de monter le projet d'une marche blanche pour la santé en septembre. Et je peux vous assurer qu'il y aura du monde", lance Jérôme Marty.

"On ne peut plus supporter qu'on culpabilise les patients, qu'on les rende responsables de leur maladie". Rappelant les propos du Premier Ministre François Bayrou appelant à "responsabiliser les patients".

Mal-être en entreprise

Sur l'augmentation des arrêts maladies, notamment les périodes longues de 18 mois et plus, Jérôme Marty cite à nouveau François Bayrou qui a jugé ces arrêts "d'inexpliqués". "C'est une attaque contre l'assurance maladie. Je ne connais pas un patient en arrêt depuis dix-huit mois qui n'a pas vu son médecin-conseil (les médecins experts de l'Assurance maladie, NDLR) deux ou trois fois [sur cette période]", ajoute le président de l'UFMLS.

Quant aux arrêts courts, ce dernier met en lien leur explosion avec la hausse des téléconsultations, permettant de se voir délivrer un arrêt "plus facilement". Selon le médecin, les jeunes patients récemment intégrés au monde du travail souffrent également de rapports à l'entreprise difficiles (management, sous-effectif...).

"C'est pourquoi nous avons demandé sur le formulaire numérique d'arrêt de travail la création d'une case 'demande d'avis du médecin-conseil' ou 'demande d'avis du médecin du travail' à cocher et flécher le patient au besoin. Mais la Caisse [d'Assurance maladie] nous répond qu'il n'y a pas assez de médecins du travail", explique Jérôme Marty.

Lilian Pouyaud