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"Je travaille 21 jours d'affilée": les infirmiers libéraux veulent une revalorisation de leurs actes

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Affectés par la hausse des coûts et des actes faiblement facturés, les infirmiers libéraux entament, ce lundi, des négociations avec l'Assurance maladie pour demander une revalorisation des actes médicaux qu'ils pratiquent.

Les négociations pour revaloriser les infirmiers libéraux s'ouvrent, ce lundi, entre les syndicats et l'Assurance maladie. Ces discussions sont très attendues par la profession. Les compétences des infirmiers ont, récemment, été élargies dans le cadre d’une loi, mais la rémunération supplémentaire de ces compétences doit encore être négociée.

Les actes les plus courants, comme les injections et les prises de sang, n’ont pas été revalorisés depuis 2009. "Un infirmier ne peut pas être valorisé à hauteur de 3,15 euros pour une injection. On a, comme ça, des actes qui n'ont plus de sens financièrement au regard de l'inflation, au regard des coûts que les infirmiers doivent assurés dans leur prise en charge", explique John Pinte, président du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil).

Des coûts trop importants

Les charges sont devenues trop importantes. "On subit, comme tout le monde, l'augmentation des coûts", se désole Catherine Venier, qui exerce ce métier depuis 13 ans en région parisienne à Parmain, dans le Val-d'Oise. Par exemple, sa voiture, dans laquelle elle passe une grande partie de sa journée, lui coûte 400 euros par mois.

Elle souhaiterait plus de reconnaissance pour ses journées interminables et son dévouement total à ses patients. Surtout qu'elle travaille en ce moment 7 jours sur 7. Catherine touche environ 2.500 euros par mois, mais sans aucun congé payé:

"Je vais travailler 21 jours d'affilée avant de pouvoir prendre mes vacances d'été", avoue-t-elle amèrement.

"Il y a des collègues qui ne peuvent plus continuer à faire face à une demande qui ne fait qu'augmenter, pour une considération et une rémunération qui ne sont pas forcément à la hauteur des attentes", remarque Catherine.

Cette dernière ne compte pas ses heures, même si une injection n’est facturée que 3,15 euros. Pour Jean-Pierre, l’un de ses patients, les infirmiers méritent de gagner plus car ils passent "beaucoup d'heures" et font "beaucoup de kilomètres" pour soigner les gens. "Ce n'est pas forcément l'acte technique qui peut nous prendre du temps, mais l'accompagnement du patient, tout ce qui peut être aussi administratif avec les médecins", explique l'infirmière.

Les négociations vont "prendre du temps"

Le président du Sniil John Pinte constate que l'inquiétude grandit au sein de la profession "parce qu'on a une baisse des infirmiers libéraux depuis 4 ans". Une tendance "très inquiétante, puisque c'était un phénomène qu'on ne connaissait pas jusqu'à maintenant".

Pour inverser la courbe, il faut, selon lui, "reconnaître leur expertise", et cela passe par une revalorisation de leurs actes médicaux. Mais les négociations s'annoncent lentes et difficiles. L'assurance maladie, dont le déficit s'élève à 16 milliards d'euros, veut faire des économies. Ces négociations "vont prendre du temps parce que le chantier est assez vaste", prévient John Pinte.

La réunion de ce lundi devrait seulement établir "le cadrage des négociations" et "le rétro-planning" sans "rentrer dans les sujets". Une autre réunion est prévue le 16 juillet, puis il y aura une trêve estivale. Les négociations ne reprendront vraiment qu'à la rentrée.

Louise Sallé avec T.R.C.