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Tabac: "Il faut une augmentation drastique" du prix du paquet de cigarette, plaide une tabacologue

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C'est la journée internationale sans tabac ce vendredi. Un rapport sénatorial a été adopté mercredi pour aider à réduire les addictions dont le tabac. Et parmi les propositions, l'augmentation progressive du prix des paquets de 5% chaque année.

Organisée chaque année par l’Organisation mondiale de la santé depuis 1987, la Journée mondiale sans tabac a lieu ce vendredi 31 mai. Deux jours auparavant, un rapport sénatorial a été adopté à l'unanimité par la Commission des affaires sociales du Sénat en France pour aider à réduire les addictions, dont le tabac. Les deux sénatrices - centriste et communiste - proposent d’augmenter le prix du paquet de 5% chaque année. Avec pour objectif d'atteindre 20 euros le paquet en 2030, et 25 euros en 2040. Soit une augmentation de 50% en 16 ans.

Mais est-ce que pour autant cela va empêcher les Français de fumer ? Dans un bureau de tabac à Toulouse, Roger est catégorique : "Ce n’est pas la solution du tout, parce même si le paquet coûte 30 euros, le fumeur il va toujours fumer". Avis que partage de moins en moins Omar, qui fume un paquet de blonde par jour depuis 20 ans : "Ce paquet que je viens d’acheter m’a coûté 18 euros, et je ne souhaiterai vraiment pas qu’en 2040, il me coûte 25 euros".

D’autres comme Iza ont déjà pris une décision : "Si le paquet passe à 25 euros, je m'arrête. C’est trop cher et aussi pour ma santé". Le rapport rappelle que, chaque année en France, le tabac provoque 73.000 morts prématurées.

"Ces mini-augmentations, c'est ridicule!"

Mais selon Pierre Rouzaud, tabacologue à Toulouse, cette augmentation annuelle de 5% ne modifiera pas le comportement des fumeurs.

Le fumeur a besoin de fumer, il ne fume pas par plaisir. Il fume par nécessité. S’il n’a pas sa cigarette, sa drogue, il est malheureux. Il souffre. Il faut une augmentation drastique! Si l’on veut vraiment être efficace, c’est 20%, 50%, mais ces mini-augmentations c’est ridicule!", explique-t-il.

Marion Adler, tabacologue à Clamart, invitée d'Apolline de Malherbe sur RMC ce vendredi, partage le même avis: "Quand il y a une vraie augmentation des prix, ces mesures permettent aux gens de se dire : j'ai assez dépensé, je fais attention à ma santé". Elle assure donc que les augmentations progressives ne seraient pas assez efficaces. En Angleterre par exemple, "le paquet est plutôt à 30€ qu'à 10€, c'est trois fois plus que chez nous".

Elle met aussi en avant l'accompagnement des personnes qui souhaitent arrêter de fumer: "L'Angleterre marche beaucoup mieux, ils ont un accompagnement plus efficace".

Ils ont compris qu'il faut tout faire pour que les fumeurs soient accompagnés à leur rythme, qu’ils aient tout ce qu’il faut pour arrêter de fumer à leur portée", justifie la tabacologue.

La cigarette électronique, un outil très efficace

Pour arrêter de fumer, l'Angleterre met en avant des outils comme les "substituts nicotiniques", le remboursement des traitements qui aident à l'arrêt du tabac, "ça permet pendant toute la durée du sevrage d'être tranquille et d'être bien accompagné". Mais aussi favoriser la vape ou cigarette électronique comme outil d’aide au sevrage, "car c’est un outil qui a fait ses preuves dans le sevrage tabagique", "tout ce qui peut aider doit être favorisé".

Car Marion Adler le confirme, la vape n'est pas nocive: "C’est ce que je vois maintenant depuis des années, j’ai appris avec mes patients, j’ai vu les analyses qui ont été faites. La cigarette électronique ne comporte pas de tabac, et pas de combustion, c'est de la vaporisation de nicotine. Or, ce qui est toxique dans la cigarette c’est la fumée qu’il n’y a pas dans l’électronique. Donc ça peut être un moyen très efficace".

Malgré tout, elle conseille "à un moment donné d'abandonner la vape". "80% de mes patients l'éliminent quand il n’y a plus le risque de reprise du tabac". Avant de conclure: "C’est important de savoir que tous les moyens sont bons et il faut pouvoir aller à son rythme, le but c’est quand même d‘être à 0 cigarette".

SG avec Jean-Wilfrid Forquès