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La cigarette électronique est-elle inoffensive? "Il faut rester vigilant"

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Selon une étude récente menée au Royaume-Uni par le Royal college de médecine, "le vapotage de nicotine n’est pas associé à une fréquence élevée d’effets néfastes sur la santé". Surtout, le vapotage reste l’une des manières les plus efficaces pour se sevrer du tabac.

Vapoter ne serait associé à aucun problème sanitaire majeur. C'est la conclusion d'une étude britannique menée par le Royal College de médecine et publiée lundi. Selon l'étude, "le vapotage de nicotine n’est pas associé à une fréquence élevée d’effets néfastes sur la santé".

En France, on compte 2,5 millions d'utilisateurs quotidiens, contre 12 millions de fumeurs de cigarettes. Pour Alice Denoize, tabacologue invitée de Charles Matin sur RMC ce mardi, beaucoup de précautions sont prises en France pour "protéger les fumeurs qui voudraient devenir non-fumeurs" en passant à la cigarette électronique: "Mais parfois ce sont des protections qui sont un peu trop fortes parce que c’est vrai que la cigarette électronique a du mal à prendre sa place".

L'invitée de Charles Matin : Le vapotage, la meilleure solution contre le tabagisme - 28/05
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La cigarette électronique n’est pas dans "l’arsenal officiel" de la Haute Autorité de Santé pour arrêter de fumer, "ça fait donc partie des choses qui freinent les fumeurs et qui font qu’il y a encore beaucoup de questions sur la vape".

Pourtant, le vapotage reste l’une des manières les plus efficaces pour se sevrer du tabac, selon l'étude. Selon la tabacologue et créatrice de "La Maison du Déclic", un lieu digital pour aider les femmes à arrêter de fumer, les effets sont efficaces pour arrêter la cigarette.

"On remarque qu’un fumeur qui passe à la vape ressent les mêmes effets que l’arrêt du tabac. Il se met à mieux respirer, retrouve de l’énergie, donc on pourrait assimiler ça à un sevrage physiologique. C’est très positif pour lui", justifie-t-elle.

"Il faut mieux encadrer les produits mis sur le marché"

Si des expériences menées en laboratoire ont montré que certains arômes pouvaient être toxiques pour les cellules respiratoires, ce phénomène n’est pas réellement constaté chez les utilisateurs. Selon la tabacologue, il faudrait mieux encadrer "la communication dans les boutiques indépendantes" mais aussi et surtout "les produits qui sont mis sur le marché". En France, la norme AFNOR permet de contrôler la qualité des liquides de cigarette électronique: "Donc si on va dans une boutiques indépendante acheter des produits qui respectent cette norme, on met énormément de chance de son côté".

Pas de problèmes de santé majeurs donc, comme le rapporte l'étude. Car il n'y a pas de combustion, explique le pneumologue et président de l'association Santé Respiratoire France Frédéric Le Guillou: "Ce qui est extrêmement néfaste dans la cigarette classique, c'est cette combustion avec des produits radioactifs, de nombreux produits chimiques qui sont toxiques".

Pour autant, la cigarette électronique n'est pas totalement inoffensive selon lui, à cause de la présence d'irritants à l'intérieur du vapotage.

Chez des gens qui ont déjà certaines pathologies respiratoires, des allergies mais aussi un asthme, ça peut quand même, via le biais des irritants, aggraver cette pathologie donc il faut quand même être vigilant. Mais quand on fume et qu'on a un asthme, c'est encore plus néfaste pour sa santé donc entre deux maux, on choisit le moindre", détaille Frédéric Le Guillou.

La consommation de tabac diminue chez les adolescents

Alice Denoize aussi reste prudente sur la toxicité des cigarettes électroniques: "C’est compliqué de dire que c’est totalement inoffensif donc c’est à mon avis une marge de sécurité qu’on se donne". Mais elle l'assure: "Par exemple pour les femmes enceintes on sait que dans un monde idéal elles ne prendraient rien mais quand une femme fume il faudrait qu’elle vape, c’est beaucoup mieux pour elle".

Peut-être qu’il y a des populations à risque parce que dans l’idéal il faudrait ne rien prendre du tout, mais c’est toujours mille fois mieux que la cigarette", ajoute la tabacologue.

Pour conclure, elle assure qu'une cigarette électronique qui respecte la norme AFNOR et qui "en plus ne va pas avoir des codes marketings attrayants qui vont faire des fausses promesses aux enfants", n'a "aucune raison que ce soit une porte d’entrée vers le tabagisme".

La consommation de tabac chez les adolescents diminue très fortement. En 2022, 11,4 % des collégiens disent avoir expérimenté la cigarette contre 21,2 % en 2018, selon une enquête menée par l'OFDT, l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives. "On pourrait penser que c’est aussi en raison de la vape", conclut Alice Denoize.

SG avec Romain Poisot