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Urgences dégradées: "Il y a une mise en danger" des patients, alerte le Dr Marc Noizet

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Dans "Apolline Matin" ce mercredi sur RMC et RMC Story, le Dr Marc Noizet, président de Samu-Urgences de France, alerte sur la dégradation continue des services d’urgences.

"C’est accablant". Le Dr Marc Noizet, président de Samu-Urgences de France, alerte sur la situation des services d’urgences, qui continue de se dégrader, après la publication de l’enquête de son syndicat. Cet été, 163 ont fermé au moins une fois. Les SMUR (structures mobiles d’urgence et de réanimation) sont également très touchées. "Notre système est véritablement en train de s’effondrer, souligne le chef des urgences de Mulhouse dans ‘Apolline Matin’ ce mercredi sur RMC et RMC Story. On n’est plus en capacité aujourd’hui d’assurer à chaque patient le fait qu’il sera pris en charge à côté de chez lui, comme c’était prévu dans le schéma national. A 30 minutes de chez soi, on devait avoir un service d’urgences ouvert qui pouvait accueillir. Aujourd’hui, ce droit n’est plus assuré partout dans le territoire. Tous les départements sont touchés, deux tiers ont des carences sur les urgences, avec des fermetures ponctuelles ou prolongées."

"Je ne pense pas que ça va s’améliorer, ajoute le Dr Marc Noizet. Aucun critère ne nous permet d’y croire. La première problématique qui se pose, c’est la démographie des soignants, médecins et infirmières. Et ça, rien ne change aujourd’hui. Notre ministre nous a annoncé un peu plus de recrutement dans les hôpitaux. Je ne pense pas qu’on en voit les effets aujourd’hui. Les mois prochains, et particulièrement l’hiver, risquent d’être compliqués. La fermeture des lits met en tension les hôpitaux et les services d’urgences. Nous ne trouvons plus de lits pour hospitaliser les patients. La deuxième chose, c’est le contexte de l’intérim médical qui a été perturbé par l’application de la loi Rist sur le plafonnement, ce qui rend extrêmement compliqué sur certains territoires le recrutement de médecins remplaçants."

L'invité du jour : Marc Noizet - 06/09
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"Pas du tout le système de santé dont on rêve pour la France"

Et cette dégradation des urgences, avec des services fermés et des ambulances qui manquent, n’est pas sans conséquence pour les patients. Aujourd’hui, on touche à l’urgence vitale, 166 SMUR ont été obligés de fermer une ou plusieurs fois. Ce sont les ambulances qui sortent à l’extérieur de l’hôpital avec une équipe de réanimation pour porter secours. Il y en a 450 en France, donc ça veut dire qu’il y en a un tiers qui sont touchés par des carences de fonctionnement. Ça touche l’urgence vitale, donc il y a une mise en danger, très clairement. Et ensuite, les professionnels sont épuisés par cette longue dégradation, depuis trois ans. Ils ne sont plus en capacité de travailler dans de bonnes conditions. Nous n’avons plus l’impression de pouvoir rendre le service qu’attendent tous les citoyens."

Avec des situations qui peuvent tourner au drame, comme la mort d’un homme de 74 ans malgré trois appels au Samu dans l’Hérault en juin dernier. "C’est attristant, ce n’est pas du tout le système de santé dont on rêve pour la France, ce fleuron dont tout le monde était très fier, regrette le président de Samu-Urgences de France. Si on continue de rester dans cette spirale, il y aura probablement une perte de chances pour un certain nombre de patients, peut-être une mortalité qui va augmenter. En tout cas, l’accès aux soins n’est plus le même, n’est plus sécurisé."

"Il y a des mesures qui ne nécessitent pas d’argent"

Les urgentistes attendent désormais une réaction rapide de l’Etat. "Ça fait un an qu’on fait un diagnostic, avec le précédent ministre (François Braun). Notre nouveau ministre est arrivé (Aurélien Rousseau) et on attend qu’il y ait des engagements forts, explique le Dr Marc Noizet. Il y a des mesures qui ne nécessitent pas d’argent. Il faut restructurer la capacité de donner des lits aux patients qui passent aux urgences pour être hospitalisés. C’est le premier facteur de pénibilité pour les urgentistes. C’est de l’organisation. Des lits, il en existe. Il faut simplement changer le rapport entre la programmation et la non-programmation. Il faut revoir le maillage territorial. On n’a plus de professionnels, comme on en avait. Le maillage territorial a été écrit il y a 15 ou 20 ans, il faut le regarder différemment. Il y a peut-être des petits services qui doivent travailler différemment, avec peut-être moins de ressources, et reconcentrer sur des plus gros services. Pour garder la capacité d’avoir de l’urgence vitale partout sur le territoire."

LP