"Des conditions profondément altérées": les urgences continuent de se dégrader, d'après une enquête

SAMU-Urgences de France a mené une enquête auprès des SAMU, SMUR et services d’urgences pour mesurer objectivement la réalité de la situation de cet été 2023. Et les résultats, dévoilés ce mercredi par RMC et BFMTV, sont édifiants:
- 163 services d'urgences (sur 389 établissements) ont dû fermer au moins une fois
"Si en façade, la situation semble avoir été maintenue sur le territoire nationale, le fonctionnement des SU n’a jamais été aussi altéré, avec des conséquences majeures sur les conditions d’exercice pour les professionnels, et les modalités de prise en charge pour les patients", précise l'étude.

- 157 services d’urgences déclarent avoir fermé au moins une ligne médicale
- 166 SMUR (sur 233 SMUR participants à cette enquête) ont fermé au moins une ligne durant l’été

Deux tiers des départements sont touchés par des fermetures de lignes SMUR. Elles concernent des lignes de secondaire assurant les transferts inter-établissements, mais également de primaire.
Pour la SUdF, les SAMU-Centre15 sont également confrontés à des carences de moyens SMUR, entravant la réponse à l’urgence vitale préhospitalière et mettant en péril la sécurité de la population. Par ailleurs, l’absence de coordination territoriale systématique de ces fermetures (notamment en interdépartemental) peut créer des zones blanches parfois très étendues, au-delà de la ressource d’un SMUR aussi bien en termes de distance que de disponibilité d’équipes.
Des mesures structurelles de profondeur
Si les élus se félicitent d’une situation stable et contrôlée, la réalité semble avoir été tout autre. “Le système donne l’illusion d’avoir tenu, mais à quel prix et dans quelles conditions?”, questionne Marc Noizet, Président SUdF, dans un communiqué envoyé à RMC.
“La dégradation de l’accès aux soins urgents en France ne peut plus se poursuivre. Les conditions d’accueil et de soins sont profondément altérées. Les conditions de travail sont devenues insupportables et inhumaines pour nos professionnels épuisés”, poursuit-il.
Ainsi, SAMU-Urgences de France demande des mesures structurelles de profondeur, et formule plusieurs propositions dans son rapport, comme donner des moyens "sans délai" aux établissements.
“Nous redoutons clairement les périodes à venir pour nos patients et pour l’ensemble des professionnels de l’urgence”, conclut le docteur Marc Noizet.
- L’enquête a été diffusée aux médecins urgentistes via un formulaire en ligne sur le site internet de SAMU-Urgences de France, entre le 21 août et le 2 septembre.
- Elle porte sur la situation dans les services d’urgences, les SMUR et les SAMU-Centre 15 sur la période du 1 juillet au 31 août 2023.
- L’enquête a permis de recueillir 386 formulaires exploitables.
- Les données recueillies dans cette enquête sont déclaratives. Elles ont fait l’objet de recoupements pour les vérifier. Elles ne sont cependant pas exhaustives et ne donnent donc qu’un reflet de la réalité de la situation.