RMC

Vers une pénurie de médicaments? "Le risque de tension augmente chaque jour, c'est une réelle inquiétude", alerte un médecin

Le docteur Rémi Salomon, président de la Commission médicale de l'AP-HP, alerte: face à la demande grandissante mondiale de médicaments nécessaires à la prise en charge des malades du Covid-19.

Après la pénurie de masques, y aura-t-il une pénurie de médicaments? Invité ce lundi matin sur RMC, le docteur Rémi Salomon, président de la Commission médicale de l'AP-HP, faisait part de son inquiétude:

"Nous avons quelques craintes à propos des médicaments utilisés pour les patients en réanimation. Ils sont consommés à un rythme inhabituel. Ces médicaments sont fabriqués par les mêmes firmes pharmaceutiques qui sont sollicitées par l'ensemble des pays du monde, donc le risque de tension augmente chaque jour. C'est une réelle inquiétude. Nous avons alerté les autorités pour que l'ensemble des industries pharmaceutiques et l'ensemble des gouvernements puissent se coordonner pour assurer l'approvisionnement dans les semaines à venir".

Parmi ces médicaments, on trouve notamment les sédatifs pour mettre les patients en coma artificiel pour les ventiler, les antibiotiques et le curare pour relaxer les muscles respiratoires.

"La France seule ne pèsera pas beaucoup"

Le médecin en appelle à une union européenne:

"Chaque pays va essayer de récupérer le maximum pour sa population. Les Etats-Unis vont peser lourd dans la balance. Les matières premières qui servent à fabriquer ces médicaments viennent de Chine et d'Inde. L'Inde a fermé ses frontières donc les tensions politiques et diplomatiques sont très importantes. La France seule ne pèsera pas beaucoup. A mon avis, il faut que les pays européens puissent s'unir pour être présents sur cette scène internationale, c'est absolument vital pour nos patients".

En parallèle, malgré les espoirs nourris, notamment par Didier Raoult, des cas de "toxicité cardiaque" ont été repérés chez des malades du coronavirus après la prise de chloroquine en automédication. Les autorités sanitaires de Nouvelle-Aquitaine mettent ainsi en garde les Français sur le danger de la chloroquine. La prise de ce médicament ne doit surtout pas se faire sans avis et sans surveillance médicales 

Par ailleurs, dès le début de l'épidémie en France, Olivier Véran, le ministre de la Santé, avait publié sur son compte Twitter une mise en garde quant à l'utilisation des anti-inflammatoires face aux symptômes du coronavirus."La prise d'anti-inflammatoires (ibuprofène, cortisone...) pourrait être un facteur d'aggravation de l'infection. En cas de fièvre, prenez du paracétamol. Si vous êtes déjà sous anti-inflammatoires, ou en cas de doute, demandez conseil à votre médecin", a indiqué le ministre. 

L'ibuprofène, vendu sous ce nom et diverses appellations commerciales (comme l'Advil et le Nurofen), fait partie de la famille dite des "AINS" (anti-inflammatoires non-stéroïdiens), des médicaments qui peuvent aggraver des infections déjà existantes, avec de grosses complications éventuelles. Pour cette raison, ils ne sont plus vendus en libre service dans les pharmacies françaises depuis le 15 janvier 2020, après une mise en garde de l'ANSM. Il en est de même pour les médicaments contenant du paracétamol (Doliprane, Efferalgan, etc) et l'aspirine.

P.B.