Violences obstétricales: "On est comme un objet, ce n'est plus notre corps, ni nos décisions"
Anya a accouché de sa fille il y a trois ans et demi. Un souvenir traumatisant: "Aucun de mes souhaits n'a été respecté, et mon corps non plus. On est comme un objet, ce n'est plus notre corps, ce ne sont plus nos décisions".
La jeune femme raconte des violences physiques et psychologiques: "J'ai été infantilisée, on s'est moqué du futur prénom de mon enfant. On a minimisé ma douleur en disant que c'était n'importe quoi".
Surtout, le gynécologue lui fait une épisiotomie, sans son consentement: "Je leur ai dit que je ne voulais pas d'épisiotomie, il m'a dit de ne pas m'inquiéter et qu'il n'y en aurait pas. On m'a fait une épisiotomie et je ne l'ai su que seulement au moment où le gynéco me recousait. C'est violent, c’est très violent". Aujourd'hui, Anya est réticente à l'idée d'avoir un autre enfant.
"Le professionnel débordé en devient maltraitant"
Si elle ne nie pas ces actes brutaux pendant l'accouchement, le docteur Amina Yamiane, gynécologue, tente de les expliquer: "Le médecin obstétricien ou la sage-femme sont des gens qui sont très sollicités et du coup le professionnel qui est complètement débordé en devient maltraitant pour la patiente. C'est la question des moyens que met l'Etat à la disposition des médecins pour les usagers".
Selon la gynécologue, des cours de savoir être et de savoir dire doivent impérativement être dispensé aux élèves de médecine.
Depuis janvier 2015, près de 3000 femmes ont contacté l'association "Institut de Recherche et d'Action pour la Santé des Femmes" pour faire état de traitements obstétriques vécus comme maltraitants.