Semis saccagés, accidents… Le fléau des "rodéos agricoles" désespère les agriculteurs

Les rodéos motorisés se multiplient dans les campagnes à l’arrivée des beaux jours. Dans le Val-d’Oise, les agriculteurs constatent une recrudescence des incursions de motos, quads et autres engins sur leurs parcelles fraîchement semées. Un phénomène récurrent, qui engendre des pertes économiques importantes et face auquel les réponses des autorités peinent à convaincre.

Pour les agriculteurs, les semis sont terminés. Les beaux jours reviennent et avec eux, les rodéos agricoles. Chaque année, les agriculteurs sont touchés par ce phénomène. Des jeunes investissent les parcelles avec des rodéos, des motocross et des quads et détruisent bon nombre de petites parcelles.

Le 6 avril 2025, un agriculteur qui avait appelé les gendarmes pour faire partir des motards qui sévissaient dans ses champs à Asnières-sur-Oise (Val-d'Oise), a percuté l’un d’entre eux avec son véhicule 4x4. Il a été placé en garde à vue.

Dans le Val-d’Oise, 213 véhicules ont été saisis en 2024 par la police et la gendarmerie. Depuis début 2025, les forces de l’ordre ont procédé à 67 interpellations et 80 saisies d’engins.

"Il y a des dégâts"

Un fléau pour les agriculteurs, et notamment dans le département du Val-d'Oise. Chaque année, à l’approche des beaux jours, c’est la même rengaine pour Franck Morin. Des jeunes roulent à moto à même les parcelles de cet agriculteur: il a surpris un rodéo il y a quinze jours.

“Je suis tombé sur un petit rassemblement, il y avait deux fourgons, cinq/six motos et deux quads. Je les ai interpellés très gentiment, ils m’ont dit qu’ils ne savaient pas et qu’ils ne recommenceraient plus. Ils ont changé de pilotes sur les motos et ils sont repartis”.

Pour chaque rodéo agricole, le cultivateur estime ses pertes à 2.000 euros. “Le pire, c’est dans les betteraves et l’orge qu’on vient de semer, il y a des dégâts. Ce qui est arraché, ça ne repart pas”, conclut Franck Morin.

La préfecture du Val-d'Oise a identifié les points noirs dans le département et demande aux agriculteurs touchés de contacter immédiatement le 17. Une solution insuffisante selon Aurélien Sargeret, président du syndicat agricole FDSEA du Val-d'Oise.

“On a beau être rassuré, il faudrait que les auteurs des rodéos soient interpellés et condamnés. Et après qu’ils soient solvables pour qu’on puisse être indemnisé. Mais ça n’arrive quasiment jamais”. Depuis le début de l’année, 94 deux-roues ont été saisis dans le département dans le cadre de rodéos urbains et agricoles.

Constance Bostoen