RMC

"Si on ne peut pas choisir quand partir, nous utiliserons des moyens illégaux": des femmes se mobilisent pour le droit de mourir dans la dignité

Depuis 12 ans, le 2 novembre est le rendez-vous de ceux qui veulent se battre pour choisir sa fin de vie. Ce samedi marque donc la 12e journée nationale pour le droit de mourir dans la dignité. Plusieurs rassemblements sont prévus en France.

Mourir dans la dignité. C'est le droit que de nombreuses personnes ont choisi de défendre ce samedi. Une centaine de rassemblements sont organisés un peu partout en France: Périgueux, Bordeaux, Limoges, Chateauroux ou encore Nantes. Le plus important aura lieu place de la République, à Paris, à partir de 17 heures.

"J’ai vu des personnes très âgées avec des couches"

Et pour l'occasion, plusieurs femmes, féministes, ont signé une tribune dans Libération ce vendredi pour mobiliser sur la fin de vie. Certaines avaient signé le Manifeste des 343 sur l'avortement, en 1971. L'IVG avait été adopté quatre ans plus tard.

Près de 40 ans ont passé depuis ce manifeste. Mais avec cette tribune, l'objectif des signataires est le même: faire bouger les lignes.

A 78 ans, Anne Suhier est encore en pleine forme. Mais pas question pour celle qui est aussi présidente de la Ligue du droit international des femmes, de s'accrocher quand ça ira moins bien: "J’ai vu des personnes très âgées avec des couches. Plutôt que de vivre ça, je suis prête à passer dans l’illégalité". Et donc acheter des produits de sédations.

"La société est prête pour cette évolution"

C'est pour éviter d'en arriver là qu'elle signe cette tribune. Le prolongement du Manifeste des 343, en 1971, qui avait ouvert la voie à la légalisation de l'avortement: "Disposer de son corps ça a été le combat des 343. Maintenant, on doit aller au bout de cette logique. Nous utiliserons des moyens illégaux si nous considérons qu’on ne peut pas partir au moment où notre vie est devenue insupportable".

Sauf que la question de la fin de vie est au point mort en France, retirée du projet de loi bioéthique. Ce genre de tribune est donc une bonne nouvelle pour ses défenseurs, comme le député marcheur, Jean-Louis Touraine: "Le fait qu’il y ait des témoignages et des tribunes, ça montre que la société est prête pour cette évolution donc il y a un moment où il faut savoir se résigner".

Il espère qu'une proposition de loi sera enfin examinée l'année prochaine au Parlement.

Martin Bourdin (avec Caroline Petit)