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Tapisserie de Bayeux: les visiteurs se pressent avant son départ pour l’Angleterre

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À l’approche de la fermeture du musée de Bayeux pour deux ans de travaux, les visiteurs affluent pour admirer une dernière fois la célèbre tapisserie du XIe siècle. Chef-d’œuvre fragile et emblématique de la conquête de l’Angleterre, elle sera prêtée au British Museum à Londres en 2026, une décision qui suscite à la fois enthousiasme et inquiétudes.

La tapisserie de Bayeux en Normandie attire les foules. Alors que le musée qui l’abrite va fermer ses portes pour travaux à la fin du mois et pour deux ans, les touristes affluent ces derniers jours.

La fameuse tapisserie qui conte notamment la conquête normande de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant au 11e siècle va être prêté l’année prochaine, en Angleterre, au British Museum. Plus précisément, elle sera prêtée à Londres en juin 2026. Emmanuel Macron l'a annoncé début juillet lors de sa visite à Windsor dans le cadre d'un rapprochement entre la France et la Grande-Bretagne.

Pour le maire de Bayeux Patrick Gomont et les maires adjoints Arnaud Tanquerel et Loïc Jamin, le prêt de la Tapisserie au British Museum de Londres à la rentrée est une décision historique qui fera rayonner la ville le temps que le nouveau musée ouvre. En contrepartie, le Royaume-Uni s'est engagé à prêter une centaine de pièces médiévales, notamment issues du trésor archéologique de Sutton Hoo, qui seront exposées à la même période dans les musées de Caen et de Rouen.

"Je voulais voir la tapisserie avant qu’elle parte"

Un prêt qui inquiète certains visiteurs, conscients de la fragilité de cette broderie millénaire. Ils sont des centaines à se hâter pour voir une dernière fois ce chef-d'œuvre, à l’image de Ludivine en vacances dans la région: “on a rencontré une personne hier qui nous a dit que ça allait fermer pour travaux et qu’on ne la verrait plus pendant deux ans, donc on s’est dit qu’il fallait venir”.

Une découverte pour certain, une redécouverte pour d’autres comme Catherine. “Je l’ai vu il y a une quinzaine d’années avec mes enfants quand ils étaient plus jeunes. C’est toujours autant d’émotion. Je voulais voir la tapisserie avant qu’elle parte. A priori, elle revient en 2027, mais il peut s’en passer des choses en deux ans, il faudra bien qu’ils nous la rendent”.

Ce prêt au British Museum, le temps des travaux, il est sur toutes les lèvres… et il inquiète notamment Annick: “Je comprends qu’elle puisse aller en Angleterre puisqu’elle appartient autant aux Anglais qu’à nous, mais si elle tombe en poussière, ça serait vraiment dommage”.

Une pétition appelant à renoncer à ce prêt a d’ailleurs recueilli plus de 40.000 signatures. Des préoccupations qui dopent l’affluence du musée. “La barre de 3.000 visiteurs par jour, c'est plutôt une barre qu’on franchit 5, 6 fois dans l’été, mais c’est plutôt en dessous d’habitude et là, c'est presque tous les jours”, explique Fanny Garbe, responsable de la communication.

Didier Rykner, directeur de la rédaction du site La Tribune de l'Art, est, lui aussi, inquiet de ce transfert. "Selon les conservateurs, elle est extrêmement fragile, il y a beaucoup de trous, de déchirures, taches… On peut la transporter, mais sans risque aucun, c'est impossible", explique-t-il dans Apolline Matin ce mardi. Un été record alors que l’an dernier déjà, plus de 400.000 personnes étaient venues admirer la célèbre tapisserie.

Martin Lange