Téléphérique en Île-de-France: "Pas de non-mixité, il faut éduquer nos fils", plaide Cécile Duflot

Le 13 décembre, les habitants du Val-de-Marne pourront utiliser un nouveau mode de transport, un téléphérique qui va relier Créteil à Villeneuve-Saint-Georges. Craignant des violences sexuelles faites aux femmes, qui pourraient être favorisées par le huis clos de la cabine suspendue en l'air, la députée LFI Nadège Abomangoli réclame la non-mixité dans les cabines. Cécile Duflot livre son avis ce jeudi sur RMC.
"D'abord, c'est une super nouvelle. Ce téléphérique, ça fait plus de dix ans qu'il est attendu pour des gens qui voyagent en bus, qui mettent 40 minutes pour aller jusqu'à une gare de RER ou de métro, donc c'est une super nouvelle.
Ensuite, si on commence à dire qu'on ne peut plus faire voyager les hommes et les femmes ensemble, ça pose une énorme question. Les agressions sexuelles dans les transports, ça arrive souvent et il n'y a pas besoin de téléphérique pour que ça arrive déjà.
"Il y a des RER sans caméras et sans boutons d'alerte"
Justement, ces téléphériques, ces télécabines, c'est dix personnes pendant quatre minutes entre deux stations, il est ouvert entre 5h30 et 00h30. On comprend quand même l'inquiétude des femmes. Moi je suis une femme qui prend les transports en commun depuis que j'ai 17 ans à Paris et vous pouvez vous retrouver toute seule dans une rame de RER pendant douze minutes avec pas de caméra et avec pas d'assistance.
Donc oui ça peut être désagréable, mais là ce qui est sûr, c'est qu'il y a une caméra dans chaque cabine, un bouton d'appel et que ce qu'il faut faire absolument, c'est faire en sorte de faire diminuer le nombre d'agressions sexuelles. Sept femmes sur dix ont déjà été victimes de violences sexuelles ou sexistes dans les transports franciliens. Voilà, sans qu'il y ait de téléphérique, donc je pense que la nouveauté peut faire effectivement poser question, mais honnêtement, le vrai sujet, c'est de lutter contre les agressions et contre les agresseurs.
"Eradiquer les agressions sexuelles, où que ce soit"
Et ça, il y a des pays comme l'Espagne qui ont montré qu'on pouvait avancer, donc il faut continuer à être extrêmement déterminés, où que ce soit. Et aujourd'hui, les agressions, elles n'ont jamais eu lieu dans des téléphériques puisque c'est la première fois qu'il y en aura en Ile-de-France. Le vrai sujet, c'est d'avoir une politique coordonnée entre la police, la justice, pour qu'on éradique les agressions sexuelles, où que ce soit.
Je pense qu'il faut éduquer nos fils, éduquer les garçons et que ça commence à progresser. Il faut que ça continue, parce que la détermination de lutter contre les agressions faites aux femmes, c'est partout, où que ce soit, et je pense que faire une polémique autour de ce téléphérique, c'est un peu déplacé.
"Je ne me résous pas à cette idée qu'on ne puisse pas faire en sorte que les hommes ne soient pas des agresseurs"
Il y a d'autres pays, je pense à Dubaï, je pense à des pays comme l'Inde, où il y a déjà la non-mixité dans les transports. Moi, je ne me résous pas à cette idée qu'on ne puisse pas faire en sorte que les hommes ne soient pas des agresseurs. C'est une façon absolument déterminée, d'abord parce qu'il y en a aussi un paquet qui ne sont pas des agresseurs, et je trouve qu'imaginer qu'une société ne peut exister qu'en séparant les hommes et les femmes, ce n'est absolument pas l'idée que je me fais d'un progrès quelconque.