"Je préfère croiser un ours en forêt qu'un homme": vers un téléphérique réservé aux femmes à Créteil?

Rester enfermées dans une petite cabine avec un inconnu au-dessus du vide refroidit certaines femmes. Car c'est ainsi que doit se passer un voyage à bord du téléphérique qui doit relier les villes de Créteil à Villeneuve-Saint-Georges, dans le Val-de-Marne dès la mi-décembre, la ligne "Câble 1".
Dans ces conditions, la députée LFI Nadège Abomangoli propose que certaines cabines soient réservées aux femmes, pour leur permettre de se sentir en sécurité et alors que le nombre d'agressions sexuelles dans les transports en commun a augmenté de 86% en 10 ans selon l'Observatoire national des violences faites aux femmes.
L'idée de passer 18 minutes dans ces petites cabines de 8 places assises, ça ne rassure pas Rosine, habitante de la zone concernée, notamment parce qu'elle a déjà été victime de gestes déplacés dans le RER: "Il y a eu des attouchements, même des regards, c'est un peu gênant", dénonce-t-elle au micro de RMC.
"Ne pas accentuer une crainte"
Alors imaginer des cabines qui seraient réservées aux femmes, elle est pour. Mais d'autres femmes estiment qu'il faut le faire sous certaines conditions: "Peut-être à partir d'une certaine heure ou quand il fait nuit mais il ne faudrait pas accentuer cette crainte et mettre en place des mesures pour séparer hommes et femmes alors qu'il n'y a pas forcément de risques", juge Epiphanie, autre potentielle utilisatrice de cette ligne.
La proposition serait même contraire à l'esprit républicain selon Grégoire de Lasteyrie, vice-président d'IDF Mobilités: "Dans l'espace public, il y a une égalité de traitement et je trouverais ça surprenant si on commençait à vous expliquer que dans tel métro ou tel bus, seules les femmes peuvent rentrer", déplore-t-il.
"Une fausse bonne idée"
"C'est un bond en arrière", assure au 3216 Loïc, un auditeur. "Je ne comprends pas qu'on se soumette à une différence de sexe, c'est stigmatiser la femme. Cela les protège mais ce n'est que déplacer le problème qui vient de l'éducation des hommes et celle que l'on donne à nos enfants", insiste-t-il.
"C'est une fausse bonne idée", abonde sur le plateau des Grandes Gueules l'éducateur Abel Boyi. "C'est une sorte de wokisme déguisé, on va toujours plus loin dans l'outrance, si t'es en retard et que t'es un homme, on te dit d'attendre et prendre le prochain?".
"Personnellement je ne monterais pas dans ce téléphérique seule avec un homme alors je ne sais pas comment on peut faire pour garantir la sécurité des femmes", déplore l'entrepreneure écologiste Flora Ghebali sur RMC Story.
Sécurité renforcée: suffisant?
Côté sécurité justement, Grégoire de Lasteyrie, d'IDF mobilités, assure que tout est prévu: "Chaque cabine est vidéoprotégée et à chaque extrémité de la cabine, vous êtes en lien avec un opérateur qui voit en temps réel les images de la cabine". Il ajoute que des agents seront présents dans chaque station, de leur ouverture à leur fermeture.
"Ça ne suffit pas", déplore Marine, auditrice RMC de la Marne. "On peut mettre des caméras mais quand on se fait violer, le mal est fait et la justice condamne 0,6% des violeurs, ça fait peur", déplore-t-elle. "Les femmes préfèrent croiser un ours en forêt plutôt qu'un homme et absolument pas, je ne prendrais ce téléphérique".
"J'ai travaillé en Arabie Saoudite, il y a une entrée pour les hommes et les femmes, c'est ça qu'on veut? Il faut des agents de sécurité et mettre les violeurs en prison", insiste de son côté David, retraité militaire.
Au micro de BFMTV, la députée Nadège Abomangoli dit vouloir proposer une piste de réflexion pour répondre à un sentiment de vulnérabilité, face à une augmentation des agressions sexuelles. Quand à la ligne de téléphérique, IDF Mobilités s'attend à recevoir 11.000 voyageurs chaque jour. Dans des cabines mixtes, pour l'instant.