Bientôt des pénuries de carburant? "C'est une conséquence que le gouvernement a choisi d'assumer"

Des manifestants bloquent les raffineries. - Charly Triballeau - AFP - Charly Triballeau - AFP
La CGT ne veut pas plier. La branche pétrole du syndicat a appelé vendredi à la grève dans l'ensemble des raffineries alors que plusieurs d'entre elles sont déjà bloquées, notamment en Normandie.
Une situation qu'aurait dû anticiper le gouvernement selon Emmanuel Lépine, responsable CGT-pétrole. "C'est un plan qu'on a mis en place depuis plusieurs semaines. Je ne pense pas qu'on puisse nous taxer de prendre les gens par surprise parce qu'on a déjà annoncé la couleur avant le 28 avril. On appelle les salariés à stopper le travail dans le raffinage de manière à obtenir le retrait de la loi El Khomri", explique-t-il vendredi sur RMC.
Jeudi 70 stations-service Total étaient en rupture de stock dans le Nord-ouest. Certaines stations ont été réquisitionnées pour permettre aux véhicules prioritaires de s'approvisionner en carburant. Pour les autres automobilistes, il faudra attendre le prochain réapprovisionnement.
"L'appel de la CGT n'a pas pour but de créer une pénurie, c'est une conséquence que le gouvernement a choisi d'assumer en ne répondant pas aux demandes qui sont légitimes sur le retrait de la loi", soutient Emmanuel Lépine.
"Les salariés ont le droit de faire grève"
Le responsable syndical refuse par ailleurs d'être tenu responsable d'un durcissement du mouvement. "Quand vous entendez Monsieur Valls dire qu'il va faire déloger les barrages par la force publique, il y a une radicalisation. Est-ce que c'est en tapant sur la tête des gens qu'on va les convaincre que la loi Travail est une bonne chose? C'est anti-démocratique", poursuit-il, défendant le droit de grève des salariés. Il récuse d'ailleurs le terme de "blocage". Le blocage, c'est "un phénomène extérieur. Là, ce sont les salariés qui exercent leur droit de grève. Ils ont le droit de faire la grève", milite le responsable syndical.
Le mouvement pourrait durer si le gouvernement refuse de retirer la loi Travail prévient Emmanuel Lépine qui admet que des conséquences se feront peut-être sentir pour les automobilistes.
"J'entends les gens qui ont des difficultés. C'est un problème, pour nous aussi. Nous demandons au gouvernement de faire au plus vite pour répondre à ce que veut la majorité des gens, retirer la loi", poursuit-il.
Des assemblées générales sont prévues ce vendredi dans les raffineries où les salariés décideront ou non de poursuivre le mouvement.