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“C’est 100 euros d’économie par mois": à Montpellier, les transports en commun passent à la gratuité

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C'est une première en Europe pour une métropole de cette taille. A partir de ce jeudi soir, les transports en commun seront totalement gratuits à Montpellier. Une promesse de campagne du maire de Montpellier, qui espère ainsi doper la fréquentation de 20%.

Des transports en communs totalement gratuits à partir de 19h ce jeudi soir, à Montpellier. C’est une première en Europe pour une métropole de cette taille, 500.000 habitants. C'était une promesse de campagne en 2020 du maire de Montpellier, Michaël Delafosse.

Selon ce dernier, qui est également président de la métropole, cela permettra de répondre à deux grandes problématiques. D’abord économique, alors que le pourvoir d'achat ne cesse de baisser. Et climatique, avec la pollution qui atteint des seuils alarmants. La métropole veut ainsi pousser les automobilistes à laisser leur voiture au garage. La mairie espère doper la fréquentation dans les transports de 20%.

Pour cette mère de famille, l’arrivée de la gratuité est une très bonne nouvelle. “C’est 100 euros d’économie par mois et donc ça nous permettra de faire plein de choses, surtout pour les enfants”, indique-t-elle.

Et pour ce salarié, c’est une bonne initiative pour protéger la planète. “C’est un bon argument si on veut que les gens aillent moins en ville en voiture. Donc si on veut dé-saturer le centre-ville, c’est une bonne idée d’avoir des transports en commun gratuits”, assure-t-il.

Une perte financière trop importante?

Déjà appliquée depuis plusieurs mois pour les jeunes et les plus de 65 ans, la gratuité a fait baisser le trafic des voitures de 10%. Selon Laurent Chapelon, spécialiste des mobilités, en poursuivant ces efforts, les effets seront immédiats. “Vous améliorez la qualité de l’air et vous réduisez les émissions de gaz à effet de serre”, pointe-t-il.

Mais selon Abdi El Kandoussi, élu d’opposition à la mairie et à la métropole, "la gratuité est une fausse bonne idée".

“Aujourd’hui, les abonnements et les tickets, ça représente 40 millions d’euros. On va se passer de cette manne financière que l’on aurait pu réinjecter dans le réseau pour avoir un réseau performant”, regrette-t-il.

La qualité, la fréquence et la plage horaire au rendez-vous?

Pour Arnaud Aymé, spécialiste des Transports chez Sia Partners, la gratuité n'est pas ce qui poussera les habitants à abandonner leur véhicule personnel au profit des transports en commun.

"Si l’idée, c’est qu’il y ait plus de monde dans les transports en commun et moins de monde sur les routes, il faut d’abord demander aux gens pourquoi ils prennent leurs voitures plutôt que les transports en commun, explique-t-il. J’ai lu les études et les sondages et ce qui apparaît, c’est que le critère du prix apparaît en 4e ou 5e position, d’autant plus que la voiture, c’est devenu assez cher. Ce qui compte, c’est la qualité du réseau de transport. Est-ce que les lignes de bus ou de métro vont jusqu’à leur domicile et jusqu’à leur travail? Ce qui compte aussi, c’est la fréquence et la plage horaire. Donc c’est là-dessus qu’il faut investir en premier pour renforcer l’attractivité des transports en commun."

Au total, selon l'élu d'opposition Abdi El Kandoussi, la gratuité, c'est un budget de 150 millions d’euros par an. Faux, répond la mairie de Montpellier, qui parle d'un coût de 30 millions d'euros, déjà en partie financé par une taxe sur les entreprises.

Jean-Wilfrid Forquès avec Guillaume Descours