"Ça fait 29 heures que je suis éveillée": la galère d'une voyageuse après la fermeture du tunnel sous la Manche

"Ça fait 29 heures que je suis éveillée." Mauvaise surprise pour Carole, qui habite à Londres et était partie de la capitale britannique, jeudi matin, pour rejoindre sa famille à Paris. Dans la journée de jeudi, un mouvement de grève inopiné a été organisé par les salariés français de Getlink (ex-Eurotunnel), la société gestionnaire du tunnel sous la Manche.
"On a roulé pendant une heure, on a attendu devant le tunnel et on a appris là-bas qu'il fallait retourner à Londres", témoigne Carole dans "Estelle Midi" ce vendredi sur RMC et RMC Story.
Cette coach en entreprise est donc retournée à la case départ, à Londres. Une fois arrivée, il n'y avait "pas de solution d'Eurostar, pas de personnel pour nous aider". "À l'office d'Eurostar, ils empêchaient les gens d'accéder aux bureaux en disant qu'il n'y avait pas de personnel, qu'il n'y avait pas d'accueil", raconte-elle.
L'entreprise n'était pas préparée à cette grève surprise. Et l'absence de solution a été très mal vécue par de nombreux voyageurs. "J'ai un sentiment de colère, de fatigue et puis d'amertume, parce qu'on a eu peur de ne pas pouvoir rentrer. Il y avait des gens qui étaient en pleurs parce qu'ils ne savaient pas où se loger sur Londres", confie Carole.
Des avions et des bus très chers
Sans train, les solutions de repli sont minces. "Il y a très peu de personnes qui ont réussi à reprendre un billet à 0 euro. Beaucoup de personnes se sont retrouvées sans rien, à réserver des billets d'avion très chers ou des billets de bus comme moi aujourd'hui."
"Je suis partie hier de chez moi à 8h30. Je n'ai pas dormi depuis parce que le bus est en mauvais état", confie Carole, très fatiguée.
Une expérience "catastrophique" pour cette coach en entreprise et une grève où ce sont "toujours ceux du milieu qui paient". "Les grands transporteurs se sont faits plein d'argent. L'aérien, les bus, ils ont tous augmenté leurs prix", dénonce-t-elle.
Faut-il limiter le droit de grève?
Cette grève surprise ouvre le débat sur le droit de grève, "un droit fondammental pour les travailleurs, un moyen d'expression et de défense de leurs droits", qui ne doit pas être limité, selon Yael Mellul, fondatrice de l'association Femme et Libre. L'objectif du droit de grève, c'est de "créer un rapport de force avec l'employeur".
"Quand le droit de grève s'exerce, c'est quand les négociations en amont n'ont pas abouti, donc c'est aussi à l'employeur de prendre ses responsabilités", argumente Yael Mellul.
Laurent Dandrieu, chef du service culture à Valeurs Actuelles, se dit lui aussi "très attaché" au droit de grève "mais avec préavis" pour que les entreprises "aient le temps de s'organiser et de trouver des solutions de repli".
"Prendre les usagers en otages pour les empêcher de rejoindre leur famille à Noël, je trouve ça révoltant", ajoute-il.
Mais pour Nerine Slaoui, journaliste et autrice, il ne faut pas opposer clients et grévistes. "C'est clients et grévistes contre les dirigeants de ces transports-là", remettant la responsabilité sur Eurostar, qui, selon elle, doit proposer des solutions de repli efficaces et éviter ce genre de mouvements.