Faut-il privatiser la gestion des radars?
Dans une interview au Progrès ce week-end, Gérard Collomb a déclaré vouloir confier les contrôles de vitesse à des sociétés privées pour recentrer policiers et gendarmes sur leurs missions de sécurité.
Le ministre de l'Intérieur assure néanmoins que la verbalisation des automobilistes en excès de vitesse "restera de la compétence des policiers" et que les sociétés extérieures "seront rémunérées au forfait et pas en fonction du nombre de PV".
> Anne Lavaud, déléguée générale de l'association Prévention Routière, estime que cette privatisation conserve toute l'efficacité dissuasive des radars mobiles des forces de l'ordre:
"C'est exactement la même chose puisqu'il n'y a pas d'intervention de la part de l'entreprise privée, ni sur le trajet, ni sur la verbalisation, pour nous, c'est la même efficacité que ce soit un service de l'état ou une entreprise privée. Ca contourne cette impunité organisée par toutes ces applications qui permettent de connaître l'emplacement des radars.
Dans un premier temps, ça devrait démultiplier le nombre de verbalisations, mais surtout faire en sorte que chacun d'entre nous ait conscience que c'est en permanence qu'il faut faire attention à sa vitesse. La verbalisation est vraiment le rappel de règles communes qu'il faut respecter pour conduire en toute sécurité".
> Jean-Luc Moreau, expert RMC, estime que c'est une fausse bonne idée qui va surtout générer une augmentation significative des PV:
"Il y a quelque chose de très pernicieux dans cette mesure. Même si le ministre a annoncé que les sociétés privées qui allaient gérer ces voitures radars ne seraient pas payées au nombre de PV, mais au forfait, ils vont fatalement avoir un objectif. Il y aura plus de voitures radars, elles vont plus rouler, donc il y aura plus de PV. On peut estimer qu'on va multiplier par 10 le nombre de PV. Or, est-ce que ça aura une efficacité sur la mortalité routière? Je peux déjà vous prendre le pari que ça aura une efficacité zéro".