Record de PV en 2016: "Les radars sont devenus un impôt"

- - AFP
Pierre Chasseray est le délégué-général de l’association 40 millions d’automobilistes.
"On nous a dit pendant des années qu’il y avait une corrélation entre nombre de flashs et amélioration de la sécurité routière. Là, on s’aperçoit qu’il n’y a pas de lien de cause à conséquence. Pour nous c’est du pain bénit: ça fait des années qu’on dit la même chose. Cette fois-ci, peut-être qu’on va commencer à s’intéresser de manière un petit peu plus profonde à ce qu’on dit, puisque la Cour des comptes dit la même chose que nous.
"Une partie de l’argent est affectée au désendettement de l’Etat, c’est devenue une manne financière"
Les radars sont devenus un impôt. A partir du moment où vous avez une partie de l’argent qui est affectée au désendettement de l’Etat, ça veut bien dire que c’est devenue une manne financière essentielle dans le budget. C’est pour cette raison là qu’ils ne font pas marche arrière. On pourrait dire qu’il suffit d’enlever les permis. Mais il y a 600.000 personnes en France qui roulent sans permis. Ça veut dire que quand on enlève le permis à quelqu’un il roule quand même. Alors à quoi ça sert ?
Nous sommes le seul pays européen à réprimander les petits excès de vitesse involontaires, entre 0 et 10km/h au-dessus de la limite. On met dans le même panier tous les excès. Quelqu’un qui roule à 71 km/h au lieu de 70, je ne suis pas sûr qu’il ait mis en péril la vie de qui que ce soit. Et pourtant en France il est sanctionné. 90 à 95% des excès de vitesse enregistrés en France sont des petits excès de vitesse. Donc ça sert à quoi? A aller prendre l’argent de ces gens-là en les dégoûtant du système des radars.
"En France, on ne pense que radars"
Il faudrait ne pas prendre d’argent ou ne pas mettre de retrait de point sur les excès de vitesse en-dessous de 10km/h au-dessus de la vitesse autorisée. En fait, il faut s’aligner sur ce qu’il se passe dans les autres pays européens. En Angleterre vous avez une réelle marge de tolérance. En France on dit toujours qu’il y a une marge de tolérance sur les radars. C’est faux: il y a une marge de pondération. C’est-à-dire une marge technique imposée par les fabricants du matériel. C’est une marge d’erreur.
En France, on ne pense que radars. Le seul problème c’est que ce n’est pas la première cause de mortalité sur la route. La première cause c’est la conduite sous emprise, que ce soit l’alcool ou les stupéfiants. Aujourd’hui si on veut sauver des vies il faut convaincre certains de changer de comportement. Et ce n’est pas en sanctionnant qu’on va y arriver. Vous aurez toujours des irréductibles.
L’Angleterre a eu le courage de désactiver plus de la moitié du parc de radars depuis 2009. Ils ont basculé dans le top 3 de la sécurité routière européenne. Nous on est 14e. Sur les radars, il n’y a plus aucune vertu: on ralentit devant et on ré-accélère derrière. Vous ne convaincrez pas quelqu’un que le radar a une vertu de sécurité routière. Ce n’est pas un problème de vitesse, c’est un problème de comportement. Vous pouvez être un chauffard en roulant 10km/h en dessous de la limite. On ne peut pas assimiler la sécurité routière uniquement à un paramètre de la conduite. Le radar mesure la vitesse à un endroit précis, point barre. Par contre au niveau tirelire, ça marche".