Grève SNCF et "réservistes": le retour des "briseurs de grève"?

C’est le retour des briseurs de grève ! L’intérêt de la grève, c’est d’arrêter une production ou un service. Mais ça fonctionne seulement si l’action est collective. Donc s’il y a des volontaires pour travailler, ça met évidement en échec toute la stratégie.
D’où viennent ces "briseurs de grève"?
Ca vient des Etats-Unis. Au XIXe siècle, une des premières organisations payées pour casser les grèves, ce sont les Pinkerton. A l’origine, les Pinkerton, c’est une agence de détectives privés. Qui se reconvertit et qui met ses agents au service des patrons. Et leur boulot, c’est protéger l’usine et assurer la sécurité des ouvriers qui veulent travailler. Parfois, c’était encore plus violent. Ils n’hésitaient pas à casser du gréviste. En allant taper sur les ouvriers sur les piquets de grève. Globalement, c’étaient des hommes de main, des voyous au service de l’argent.
Quand est-ce que c'est arrivé en France?
En France, c’est un peu différent. Nous avons inventé ce qu’on appelle le syndicalisme jaune. Les syndicats jaunes, c’est le contraire des syndicats rouges, donc les syndicats traditionnels si vous préférez. Ils voient le jour à la fin du XIXe siècle, à Montceau-les-Mines en Saône-et-Loire, où il y avait des mines et des grèves. Le principe des syndicats jaunes, c’est qu’ils ne croyaient pas en la lutte des classes. Ils croyaient à la coopération avec le patronat. Donc ils refusaient la confrontation. Et ils regroupaient les ouvriers qui ne faisaient pas grève.
Pourquoi on appelle ça un syndicat "jaune"?
Parce que les ouvriers des syndicats grévistes brisaient les vitres du local des syndicats qui n’étaient pas grévistes. Et pour remplacer ces vitres, ils mettaient du papier huilé de couleur jaune. D’où les "syndicats jaunes". Et d’ailleurs l’expression va rester. Un "jaune", dans le langage courant, c’est un ouvrier qui collabore avec le patron. Dans le vocabulaire syndical, c’est un traître.
Il y a d’autres méthodes qui ont été utilisées pour briser des grèves. Une des plus connues, c’est faire intervenir l’armée. Ca a l’air aberrant mais ça s’est produit plusieurs fois. En 2022, des grèves massives ont éclaté en Angleterre. Le gouvernement a mobilisé plus de 1.000 militaires pour remplacer des ambulanciers et des policiers aux frontières.
Un célèbre film anglais parle d'ailleurs de ces briseurs de grève: Billy Eliott. Ce film culte qui se passe dans l’Angleterre des années 1980. En pleine crise de la métallurgie. Pour payer l’école de danse de son fils, le père est obligé de retourner travailler dans son usine qui est en grève.
A son arrivée, il est hué et conspué par les grévistes qui lui jettent des oeufs. Une scène emblématique. L’esprit de la grève, c’est ça : une guerre qui ne peut marcher que si elle est totale.