"Il faut jouer sur les taxes": le carburant à prix coûtant, une mesure insuffisante?

L'appel lancé par le président Emmanuel Macron sur la vente de carburants à prix coûtant semble avoir été entendu par les distributeurs, reçus ce mardi soir à Matignon par le Première ministre avec les autres acteurs de la filière.
En tout, selon le gouvernement, 120.000 opérations de vente à prix coûtant auront lieu dans 4.000 station-service jusqu'à la fin de l'année, en plus du plafond à 1,99 euros dans les stations Total.
Dans le détail, dès vendredi, Leclerc et Carrefour vont faire du prix coûtant tous les jours. Ce sera deux week-ends par mois chez Cora, Intermarché, Casino et "au moins un week-end par mois" pour Système U et Auchan.
À la sortie de la réunion, Alexandre Bompard, le directeur général de Carrefour, a annoncé une baisse d'environ deux centimes par litre dans ses stations. Et assure que les distributeurs jouent le jeu.
“En ce qui me concerne, nous avons fait notre devoir. On a décidé de faire une grande opération. C’est peut-être la plus grande que Carrefour n’ait jamais faite, une opération à prix coûtant pendant trois mois jusqu’au 31 décembre. Pour que tout fonctionne, il faut que l’ensemble des parties prenantes fasse un effort. C’est impératif, notamment si les cours du baril continuent d’augmenter. En tout cas, que ce soit de manière permanente comme le font Carrefour et Leclerc tous les jours, ou de manière temporaire, la distribution a fait un effort substantiel”, appuie-t-il.
"On sent une grogne"
Même s'il est dans le camp de la majorité présidentielle, ces annonces sont loin d'être suffisantes pour le maire Horizons de Reims, Arnaud Robinet. “C’est bien sûr louable que le gouvernement souhaite agir sur le pouvoir d’achat des Français et faire baisser le prix du carburant. Quant à cette décision de vente à prix coûtant, je dis attention parce que derrière, nous avons aussi des indépendants qui eux ne peuvent pas se permettre de vendre à prix coûtant et notamment en milieu rural. Là-bas, d’ailleurs, ils ont plus qu’un rôle de simple pompiste, ils ont aussi une activité de proximité. Je dis aussi attention à ce que les grands distributeurs ne se récupèrent pas sur l'alimentation", indique-t-il. Il regrette cependant de ne pas voir le gouvernement faire un effort sur les taxes.
"Moi je reste persuadé que pour faire baisser les prix du carburant, il faut jouer sur les taxes et notamment des surplus qui ont été engrangés par l’Etat en raison de l’inflation et de l’augmentation des prix du carburant. Le gouvernement ne fait pas ce choix, mais je ne suis pas sûr que cette vente à prix coûtant satisfasse pleinement les Français. On sent une grogne autour des prix du carburant et je rappelle que les ‘gilets jaunes’ sont nés avec un prix au litre de 1,50 euro. Aujourd’hui, en province notamment, on frôle les 2 euros, voire on les dépasse, donc attention”, prévient-il.
Le gouvernement a annoncé le lancement d'une mission pour faire la transparence sur les marges des raffineurs et producteurs. Les conclusions seront présentées en décembre pour voir si les marges sont trop importantes chez eux.