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"J'ai un peu honte": un conducteur de trains estime que la "culture de la grève" fait dérailler la SNCF

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Le mouvement de grève des contrôleurs va fortement impacter le trafic des trains SNCF durant le weekend du 16 au 19 février, weekend de vacances scolaires. Certains agents SNCF reconnaissent qu'il existe une forme de "culture dans la grève" dans l'entreprise.

"Moi, perso, j'ai un peu honte". Greg est conducteur de trains dans la région de Bordeaux, et assure ce jeudi dans Estelle Midi qu'il commence à ne plus en pouvoir de ce qu'il qualifie de "culture de la grève" à la SNCF. Cependant, il n'en veut pas particulièrement aux contrôleurs et chefs de bord qui sont à l'origine du mouvement de grève du weekend du 16 au 20 février. "Effectivement, ça fait depuis 2022 qu'ils réclament des choses qui ne sont pas appliquées", concède-t-il. C'est plutôt la manière générale de procéder qui lui pose des problèmes.

"Le recours à la grève systématique me pose de plus en plus de problèmes car je trouve que ce n'est pas la bonne solution", juge-t-il.

"Toujours cibler notre clientèle, cibler les dates des vacances, je pense qu'il faut faire du syndicalisme autrement. Ils ne travaillent pas dans le bon sens", poursuit-il.

Les contrôleurs sont-ils des nantis?

Mohamed, agent de circulation à la SNCF, refuse de son côté de dire que les contrôleurs sont particulièrement privilégiés. "Dire que les contrôleurs sont nantis... Je suis rentré sur le tard à la SNCF et je partirai à 67 ans pour avoir une retraite complète", souffle-t-il. Olivier, agent SNCF Réseau, "comprend la grève" et tient aussi à mettre court aux rumeurs de départ à la retraite à 57 ans des contrôleurs: "C'est fini tout ça ! Ouverture des droits à 59 mais tout le monde part à partir de 62", rectifie-t-il.

Grève : 3 000 euros de salaire, retraite à 57 ans... les contrôleurs SNCF sont-ils des nantis ? - 15/02
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35:05

Stéphane, contrôleur TGV, assure n'avoir qu'une dizaine de jours de grève à son actif depuis le début de sa carrière entamée il y a plus d'une vingtaine d'années, et il est d'accord, il faudrait un "changement de méthode syndicale".

"A la base, on demandait juste de savoir ce que l'on allait devenir s'il y avait un couac dans notre carrière, des précisions sur notre sécurité, et le passage des primes sur notre salaire de base", détaille-t-il.

"On est soumis à des objectifs de plus en plus durs, avec une sécurité moyenne dans les trains par rapport à tout ce qu'on doit faire", assure-t-il.

Il reconnaît toutefois -lui aussi- qu'il y a une "culture de la grève" à la SNCF. "Elle a toujours existé malheureusement", note-t-il. Dans l'oeil du cyclone pointé par plusieurs cheminots: les préavis annuels qui permettent de faire grève "n'importe quand", en raison notamment de la difficulté de se faire valider les jours de congés souhaités par sa hiérarchie. "Moi je ne fais pas grève quand j'ai envie de prendre un jour de congés", conclut Stéphane.

"A un moment donné, trop c'est trop"

Pour remédier à cela, des sénateurs centristes comptent déposer une proposition de loi qui ne manquera pas de faire polémique: l'instauration de 60 jours pendant lesquels il ne pourrait pas y avoir de préavis de grève.

Hervé Marseille, sénateur UDI des Hauts-de-Seine et chef du groupe centriste au Sénat, défend ce texte et laissait éclater sa colère dans Charles Matin ce jeudi: "À un moment donné, trop c'est trop. Il faut arrêter ces prises d'otages", plaidait-il.

L'invité de Charles Matin : Vacances, le droit de grève encadré dans les transports ? - 15/02
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5:59

Un texte qui pourrait rapidement être étudié au Sénat ? Gérard Larcher a en tout cas annoncé dans le Face à Face sur RMC-BFMTV qu'il sera en tout cas étudié par la prochaine "conférence des présidents" qui se déroulera en mars, instance qui détermine le calendrier des textes étudiés.

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