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L’Arabie saoudite va organiser la Coupe du monde 2034: "On se couche devant l'argent, c'est lamentable"

Vue aérienne du circuit de la Corniche de Jeddah où s'est déroulé le GP d'Arabie saoudite, le 25 mars 2022

Vue aérienne du circuit de la Corniche de Jeddah où s'est déroulé le GP d'Arabie saoudite, le 25 mars 2022 - ANDREJ ISAKOVIC © 2019 AFP

Seule candidate, l'Arabie saoudite va obtenir de la FIFA l'organisation de la Coupe du monde 2034. Une décision qui fait déjà grincer des dents les ONG, qui dénoncent les risques pour les travailleurs immigrés après l'exemple du Qatar en 2022.

Le retour de la Coupe du monde en hiver? Seule candidate, l'Arabie saoudite doit être désignée ce mercredi comme organisatrice de la Coupe du monde de football 2034. Pour accueillir la planète du foot, l'Arabie saoudite promet la construction d'une quinzaine de stades flambants neufs dans cinq villes hôtes, de nouveaux aéroports et 195.000 chambres d'hôtels toutes neuves. "À côté, le Mondial du Qatar 2022, c'était un hôtel 4 étoiles, et là on parle d'un palace" se félicite d'ores et déjà un membre de la FIFA, la toute puissante organisation du foot mondial.

Une comparaison flatteuse? Pas vraiment, alors que la construction des stades pour la Coupe du monde au Qatar aurait fait 6.751 morts parmi les ouvriers immigrés selon The Guardian. Et déjà, l'association Football Supporters Europe (FSE) dénonce le "tapis rouge déroulé pour 2034 à un hôte au bilan épouvantable en terme de droits humains", en terme d'exploitation de travailleurs migrants comme au Qatar donc, mais aussi en termes de discriminations que pourraient subir les visiteurs étrangers LGBT et les supportrices dans un pays où la femme n'a pas les mêmes droits que l'homme.

La Coupe du monde comme moteur pour faire évoluer le pays, vraiment?

La FIFA, elle, assure que l'Arabie saoudite s'est d'ores et déjà engagée en matière de droits humains et anticipe "un effort significatif en temps et en énergie" d'ici 2034, dans la foulée des timides réformes du monarque saoudien Mohammed Bin-Salmane. Et la compétition pourrait servir "de catalyseur pour les réformes en cours et à venir" se réjouit déjà la FIFA, comme annoncé par le CIO avec les JO de Pékin en 2008, pour un résultat presque nul.

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Pour Antoine Diers, le plus grave, c'est que le foot ne soit plus l'apanage de l'Europe et que l'influence mondiale se déplace. "L'épicentre géopolitique se déplace malgré nous. L'Europe n'est plus le centre du monde. Ce n'est même plus les Etats-Unis ou le Japon. Le pouvoir est ailleurs, c'est du soft power. Grâce à leur argent, le Qatar et l'Arabie saoudite obtiennent ces événements et diffusent leur mode de pensée", déplore-t-il sur le plateau des Grandes Gueules.

"Ne faisons rien et les gars n'ont qu'à crever"

"L'Arabie saoudite peut tout acheter, y compris les consciences", constate de son côté l'avocat Charles Consigny, qui estime que les pays occidentaux devraient continuer à promouvoir les droits de l'homme dans le monde. "La manière dont on se couche systématiquement devant l'argent est assez lamentable", avance-t-il sur RMC et RMC Story.

"On devrait s'inquiéter du sort des travailleurs qui vont construire ces stades. Pourquoi n'avons-nous pas conditionné l'attribution de la Coupe du monde à une charte éthique contraignante?", propose-t-il.

Et devant les moqueries d'Antoine Diers sur l'inutilité d'une charte, Charles Consigny répond ironiquement: "Tu as raison, ne faisons rien et les gars n'ont qu'à crever, on n'en a rien à faire. Ça, c'est le message de la France, toi qui es patriote. Tu as raison, restons dans notre canapé et votons Zemmour", lance-t-il à l'attention de... l'ancien conseiller d'Eric Zemmour.

G.D.