La filière auto européenne "en grand danger"? "On ne se rend pas compte de la gravité de la situation"

Les constructeurs automobiles européens sont attendus à Bruxelles jeudi pour rencontrer, entre autres, Ursula von der Leyen. Le début d'un dialogue de plusieurs mois pour faire face à "l'urgence et la gravité de la situation" indique la présidente de la Commission européenne.
La filière automobile européenne, en crise, est en effet frappée de plein fouet par la concurrence chinoise et craint une explosion des droits de douane américains sur les voitures européennes.
"Je ne suis pas sûr que tout le monde soit conscient de la gravité de la situation. Notre secteur automobile, c'est un savoir-faire unique en Europe, en innovation et en emplois, et il est en grand danger", alerte Luc Chatel, président de la Plateforme automobile, dans Apolline Matin, mercredi sur RMC.
Des amendes trop élevées ?
Les constructeurs demandent aussi de la "flexibilité" sur les règles environnementales européennes notamment l'interdiction à la vente des véhicules thermiques neufs en 2035. Lors de leur réunion à Bruxelles, les différents acteurs discuteront en priorité des amendes auxquelles doivent faire face les constructeurs dans le cadre de la transition vers l’électrique. Les sanctions ont été alourdies en janvier.
Pour l’économiste Flavien Neuvy, directeur de l'observatoire Cetelem, les acteurs de ce dossier ont tout intérêt à reparler de ces amendes: "Ce serait un peu contre-productif d'obliger à payer des amendes considérables alors qu'ils ont besoin de cet argent pour innover, pour pouvoir améliorer les performances des voitures électriques, et que dans le même temps le marché est faible. Donc leurs performances financières d'une manière générale se dégradent."
Un avis partagé par Luc Chatel, qui dénonce des "amendes gigantesques, au moment où il faudrait se serrer les coudes, se mobiliser pour notre filière automobile".
Les ventes de voitures électriques moins importantes que prévu
Les ventes de voitures neuves stagnent en Europe, voire baissent dans certains pays comme la France. L'électrique a été boudé par le consommateur en 2024. Ce qui a pour conséquence la fermeture de certaines usines comme Michelin et Valeo en France ou encore Volkswagen en Allemagne.
"Sur l'électrique, les investissements des équipementiers ont été faits mais les ventes ne progressent plus, on a oublié le consommateur. L'électrique prend moins rapidement que prévu, et donc une dizaine de milliers d'emplois ont été supprimés, notamment dans la sous-traitance", note Luc Chatel.
Le secteur européen est en panne, alors que le marché international est tendu, entre la concurrence chinoise qui est de plus en plus féroce et l’élection de Donald Trump qui fait craindre de nouvelles taxes américaines.