Les TGV exclus, l’Ile-de-France absente… Pourquoi le "Pass rail" suscite encore des doutes

Les trains TER et Intercités à volonté pour 49 euros par mois. Les moins de 27 ans pourront bien bénéficier du "Pass rail" cet été, en juillet et en août. La SNCF les commercialisera dès la mi-juin et 700.000 jeunes sont potentiellement concernés. "Toutes les régions" ont donné leur accord pour ce forfait, s'est réjoui ce mercredi le ministre délégué aux Transports, Patrice Vergriete, qui s'était inquiété d'une annulation plus tôt dans la journée, en accusant trois présidents de régions de bloquer les négociations: Hervé Morin pour la Normandie, Xavier Bertrand pour les Hauts-de-France et Laurent Wauquiez pour l'Auvergne-Rhône-Alpes.
La situation s'est "décantée" après une journée "riche en discussions", a déclaré le ministère. Au départ, le "Pass rail" devait être pour tout le monde, tout le temps. Il ne concernera que les jeunes de moins de 27 ans, sur deux mois d'été et pas en Ile-de-France. C'est la réserve principale des Hauts-de-France, notamment: "Nos jeunes qui veulent aller dans le sud vont devoir payer un billet pour traverser l'Ile-de-France en plus du ‘Pass rail’".
D'autres dénoncent un fossé entre Paris et la province. L'association Régions de France demande que la région capitale soit intégrée au dispositif dès 2025. Et pourquoi le gouvernement exclut-il du "Pass rail" le réseau TGV? C’est l’interrogation de la présidente des Pays de Loire: "Qui imagine sérieusement faire Nantes-Strasbourg en TER?". Pour les TGV, c'est l'Etat qui paie, précise-t-on dans les cabinets de régions. "Le ministère est très généreux… avec les moyens des autres", dit un directeur. Le gouvernement assure prendre en charge 80% du coût (15 millions d’euros).
L’Île-de-France très attendue par les autres régions
Cette question du financement suscite encore d’autres doutes, après l’ultimatum de Patrice Vergriete. "Il fallait donner une réponse ferme et définitive à la SNCF pour être opérationnels" explique le ministère. Nommer ceux qui bloquent, sur une radio nationale, ça aide, grincent certains localement. "Logique politicarde", souffle un directeur de cabinet en région. "Couteau sous la gorge!" s'agace une autre: "En disant que si le ‘Pass rail’ ne marche pas, c’est de la faute des régions, le ministre a poussé tout le monde à dire go".
Mais les régions contactées par RMC expriment encore toutes des réserves. "J'attends des réponses" répète Hervé Morin, qui souligne une exception normande: les Intercités sont tous financés par la région et non par l'Etat. "Qu'il me dise combien ça va coûter et combien il met dedans" lance Hervé Morin. L'Auvergne-Rhône-Alpes a donné son accord aussi, mais pour un an seulement. Son président Laurent Wauquiez attend que l'Ile-de-France soit intégrée au dispositif dès l'an prochain.
Une question d'égalité soulevée par l'association Régions de France qui demande donc une "garantie" pour 2025. Carole Delga, la présidente de l'Occitanie et de Régions de France, a joué les émissaires ce mardi. Elle a été "l'interlocutrice principale" des présidents de régions, tempère l'entourage de Patrice Vergriete. Le ministre n'a appelé que les plus récalcitrants. Il salue "une victoire pour 700.000 jeunes" qui vont bénéficier du "Pass rail". C'est surtout un point de plus dans le compteur des promesses tenues.