Levé à 3h30 pour 90 km: la galère d'un collégien à cause des trains annulés par la SNCF
Le dimanche est une journée de repos, de loisirs, de réunions familiales ou amicales pour des millions de Français. Mais pour Luckas et ses parents, elle est surtout synonyme de stress intense en vue de la matinée du lundi, rendue très compliquée par les annulations de la SNCF sur l'infamante ligne POLT (Paris-Orléans-Limoges-Toulouse).
Depuis la rentrée 2022, Luckas (15 ans) a changé d'orientation. La voie généraliste ne lui convenait plus. Ayant 7 de moyenne générale, il a retrouvé la passion des cours en classe de 3e grâce à une option "meneur en attelage" qu'il a pu trouver au lycée professionnel de Naves (Corrèze).
Problème: sa famille habite à Loupiac (Lot), à 90 km de l'établissement et plus d'une heure de route, cette option hippique n'étant pas disponible plus près de chez lui. Interne, il doit ainsi effectuer le voyage en train le lundi matin et revenir le vendredi soir. Pas une partie de plaisir: depuis septembre, le seul train qui lui permet de faire Souillac-Brive a déjà été annulé cinq fois, à cause du givre, de travaux, ou même sans explications parfois.
Une routine anxiogène -dont ils se passeraient bien- s'est donc installée le dimanche: "On se connecte sur le site de la SNCF l'après-midi et c'est comme ça qu'on apprend si oui ou non, il a un train le lendemain", témoigne sur RMC Lina, la mère de Luckas.
"Je me sens fatigué et mes notes baissent"
S'il n'apprend pas l'annulation à la gare le lundi matin, il est obligé de partir en même temps que son père qui embauche à 5 heures du matin à Brive. Et entre Brive et Naves, il reste 40 km de bus pour finir le périple. "Du coup, il se lève à 3h30, viens avec moi en voiture jusqu'à Brive, et après il attend tout seul sa navette pendant 3h à la gare de Brive à partir de 4h50", détaille son père, qui soulève aussi la question de la sécurité d'un enfant qui reste aussi longtemps seul dans une gare la nuit.
Une routine fatigante qui a un impact sur son physique et ses études. "Je me sens fatigué, j'ai plus de mal à me concentrer. Cela a un très gros impact sur mes notes car elles ont beaucoup baissé (par rapport au début d'année)", confie-t-il.
Lina, sa mère, a tenté de joindre la SNCF pour tenter de trouver une solution à ces problèmes récurrents. "Ils m'ont gentiment rigolé au nez, ça les faisait rire que mon fils se lève à 3h30 pour prendre une navette", souffle-t-elle.
Les associations "Tous ensemble pour les gares à Gourdon" et "Urgence ligne POLT", qui militent pour un meilleur service de la SNCF aux usagers, ont apporté leur soutien à Luckas et sa famille. Elles rencontreront prochainement la SNCF ainsi que le ministre des Transports, Clément Beaune, car cette situation n'est pas isolée dans la région du Lot et de la Corrèze, où les trains se raréfient.