Mariage d'Alstom et Siemens: "C'est une partie de la France qui s'en va"
Quelle vision du gouvernement face à ce que les syndicats appellent un démantèlement d'un fleuron de l'industrie française? Bruno le Maire, le ministre de l'économie est sur RMC ce jeudi matin, pour répondre aux questions, répondre aux inquiétude sur le dossier Alstom notamment.
Vous le savez, Alstom va fusionner ses activités ferroviaires avec Siemens. L'Allemand qui dans les faits prend le contrôle du géant français. Dans 4ans, Siemens pourra détenir 50.5% des actions. Le nouveau groupe sera baptisé Siemens-Alstom, "par manque d'inspiration", a plaisanté Henri Poupart-Lafarge, PDG d'Alstom, qui prendra la tête du futur numéro deux mondial du matériel ferroviaire roulant, numéro un pour la signalisation.
"Une débâcle"
L'Etat français a assuré avoir obtenu des "garanties solides", selon le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire: maintien de l'emploi et des sites industriels pour une durée de quatre ans, cotation du groupe à Paris, maintien du siège social en France et sa direction par un PDG français. Mais pas de quoi rassurer les salariés, notamment à Belfort site historique d'Alstom.
Bernard habite la cité Alstom à Belfort. 40ans d'entreprise et pour lui la fusion avec Siemens, c'est "une partie de la France qui s'en va". "Ça me ferait plaisir qu'Alstom aille acheter une entreprise en Allemagne par exemple. Là je vois tout le contraire, une débâcle".
Mais rien n'y fera, logo Siemens ou pas, il aimera toujours son entreprise. "On a une fierté d'avoir été ouvrier et d'avoir beaucoup transpiré dans cette entreprise. Mais là ça fait mal au cœur".
"On craint que ça soit le TGV qui soit écarté"
Bernard parle au passé. Et d'ailleurs chez les salariés ici, les choses sont faites, il y aura du licenciement. "Il va y avoir du dégraissage, d'une manière ou d'une autre, glisse l'un d'entre eux. Ce sera un choc pour Belfort". Pour un autre, "les promesses qui disent qu'on ne touchera pas à l'emploi, on n'y croit pas".
L'arrivé de Siemens, nouveau coup porté à Alstom, ce qui rend amer Olivier Koller délégué CFDT ici. "C'est une société qui avait énormément de compétences. C'est un énorme gâchis, parce que ça veut dire qu'il y en aura un des deux qui va laisser son produit de côté. Et malheureusement, on craint que ça soit le TGV qui soit écarté".
Il y a les emplois menacés, mais il y a manifestement le symbole aussi. Voir le TGV sous couleurs allemande fatalité que les Belfortains ont du mal à accepter.