"On est à 30% de chiffre d’affaires en moins": les commerçants à bout de souffle à cause des grèves contre la réforme des retraites
S’il y a une profession qui est très affectée par la grève contre la réforme des retraites qui dure depuis un mois, c’est les commerçants. Le gouvernement leur a "apporté son soutien". Le ministre de l'Économie en a rencontré certains, vendredi à Paris, avant de recevoir plusieurs associations de commerçants à Bercy. Le gouvernement s'est notamment engagé à ne laisser aucun commerce sur le carreau à cause de la grève.
Bruno Le Maire a aussi répété qu'il sera possible d'étaler le paiement des charges sociales et fiscales dans le temps, que des abattements fiscaux pourrait être possible pour les commerces les plus touchés.
Mais les commerçants attendent désormais que ces annonces se transforment en mesures concrètes. Car après quasiment un mois de grève, beaucoup tirent sérieusement la langue. Comme dans le quartier de Montmartre, à Paris. Malgré les vacances et le week-end, les rues sont calmes.
Difficile, voire impossible de venir ici en transport: depuis le début de la grève, aucun métro ou presque ne dessert le quartier. "Pas de métro, pas de touriste, donc beaucoup moins de passage", constate une commerçante. La boutique d'Aurélie est donc souvent vide en ce moment.
"On est au moins à 30% de chiffre d’affaires en moins, ce qui est énorme en période de fêtes", indique-t-elle.
Le report de paiement de charges, une solution insuffisante
Même constat dans le restaurant de Laure un peu plus loin. Seulement trois ou quatre tables à servir en plein coup de feu. "D’habitude il y a quand même un peu plus d’activité", assure-t-elle. 40 000 euros de perte en un mois. La patronne a dû adapter ses effectifs.
"Il y en a qu’on a payé en congés payés et il y en a qui sont partis de leur propre chef en démissionnant parce qu’ils en avaient marre de travailler pour très peu de pourboire et très peu d’activité", explique-t-elle.
Un "désastre" selon elle, qui la fait même hésiter à poursuivre son activité. Et même si le gouvernement autorise un report du paiement des charges sociales et fiscales, ça ne sera pas suffisant selon Franck Trouet est le directeur général du syndicat des hôteliers et restaurateurs.
"Quand on a même plus les moyens de payer les salaires du mois de décembre ça ne suffit effectivement pas. Il faut exempter de paiement les entreprises les plus impactées", juge-t-il.
Les commerçants espèrent surtout que la grève cessera rapidement pour éviter de s'enliser encore un peu plus pendant les soldes.