"On va droit dans le mur": en grève de la faim, un opposant à l'A69 est perché dans un arbre à Paris

L'A69 cristallise les tensions. Le chantier de cette autoroute entre Toulouse et Castres a commencé ce jeudi matin. Au grand dam de Thomas Brail, fondateur du "Groupe national de défense des arbres", opposant historique à l'abattage des arbres qui dénonce le coût écologique de cette route et qui a entamé une grève de la faim il y a un mois, avant d'investir un arbre en face du ministère des Transports la semaine passée à Paris.
Le ministre Clément Beaune est venu le voir mardi soir, mais la rencontre s'est avérée infructueuse aux yeux de Thomas Brail, qui n'a pas obtenu le moratoire immédiat du chantier de la nouvelle autoroute A69. En attendant, il est toujours dans son arbre.
"Si on ne se mobilise pas pour faire changer les choses, on va droit dans le mur et on sera tous dans le même bateau", alerte Thomas Brail ce jeudi dans "Les Grandes Gueules".
"La nationale roule très bien"
Quatre recours contre le projet d'autoroute n'ont toujours pas été jugés sur le fond, mais la construction a bel et bien commencé. Et elle pourrait avoir des conséquences sur l'environnement: "Même s'ils sont défavorables, on aura une autoroute qui aura artificialisé 5 hectares de terre agricole, rasé 17 hectares d'espaces boisés et abattu des centaines d'arbres", déplore Thomas Brail sur RMC et RMC Story, évoquant une nationale faisant le même trajet et "pas du tout fréquentée".
"La nationale roule très bien et quand on voit l'ampleur du chantier, on se demande pourquoi on fait ça", abonde Pascal, 43 ans, commercial dans la région et qui fait la route quotidiennement. "Cette autoroute ne sert strictement à rien. Si je gagne 10 minutes, ça ne vaut pas l'ampleur des travaux effectués et des arbres abattus", ajoute-t-il.
Et cette autoroute ne permettra pas de développer les villes avoisinantes: "Les autoroutes servent à faire grandir les grandes métropoles et pas les petites villes avoisinantes, c’est le cas dans toutes les mégalopoles du monde", assure la professeure d’histoire-géographie Barbara Lefebvre.
Une autoroute en "flux libre"
Insuffisant visiblement pour empêcher le début du chantier, alors que l'enquête publique et environnementale a donné 90% d'avis défavorables, tout comme la mission régionale d'autorité environnementale. Pour une route qui ne servirait à rien, assure Thomas Brail.
"La nationale 126, c'est 8.000 véhicules par jour. L'autoroute est faite pour 12.000 voitures. Mais l'aller-retour, c'est 17 euros. Et sur la nationale, on va rajouter 12 ronds-points. Le calcul est bien fait, quand les gens en auront marre de perdre du temps, ils prendront l'autoroute pour gagner 15 minutes. C'est bien fait", ironise-t-il.
L'autoroute doit ouvrir en 2025 et sera exploitée par l'entreprise privée Atosca, filiale du groupe privé NGE. D'une longueur de 54 kilomètres, elle doit fonctionner avec des péages en "flux libre".