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Pénurie d'essence, stations-services réquisitionnées: pourquoi les professionnels du BTP bloquent des dépôts pétroliers en Bretagne

Un dépôt de carburant à Lorient (Image d'illustration)

Un dépôt de carburant à Lorient (Image d'illustration) - Fred Tanneau - AFP

Les bloqueurs protestent contre la suppression d'une niche fiscale liée au carburant des engins de chantier.

Le préfet du Finistère a pris dimanche un arrêté pour permettre l'approvisionnement des véhicules prioritaires. Depuis jeudi soir, des professionnels du BTP filtrent les entrées des sites de stockage de pétrole de l’Ouest pour protester contre la hausse du gazole non routier. Ils sont contre la suppression, prévue dans le projet de loi de finances 2020, de l’avantage fiscal du gazole non routier (réservé aux engins de chantier).

Le prix du litre de ce carburant passerait de 80 centimes à 1,40 euro. Les dépôts pétroliers de Lorient (Morbihan), Vern-sur-Seiche (Ille-et-Vilaine), La Rochelle ou Le Mans, eux aussi sont bloqués.

À Brest, l’annonce du blocage du site pétrolier a dopé la demande dans les stations-service du département. Ce dimanche, la majorité des stations-services ont fermé faisant craindre une pénurie d’essence.

Toute la région touchée

"Le préfet du Finistère appelle les automobilistes à respecter ces dispositions, qui visent à satisfaire les besoins les plus urgents", souligne l'arrêté. Selon une carte collaborative mise en ligne sur le site de nos confrères du Télégramme, le nombre des stations en rupture de carburant s'est considérablement élargi depuis samedi.

Alors que samedi, les secteurs de Brest, Quimper et Lorient étaient principalement concernés, la pénurie s'est étendue dimanche à de nombreuses stations sur toutes les zones littorales ainsi qu'en centre-Bretagne, de même que Rennes et ses environs.

Les automobilistes eux, regardent avec attention leur jauge tout en espérant un retour à la normale. C’est le cas de Anne-Gaëlle qui cherche désespérément de l’essence:

"Là je suis sur la réserve", explique-t-elle au micro de RMC ajoutant faire 300 kilomètres par semaine pour son travail. "J’ai besoin du plein pour travailler. Tout le monde va faire son plein et pour ceux qui en ont besoin réellement c’est plus compliqué".

Rendez-vous lundi au ministère de l'Economie

Le dépôt pétrolier de Brest reste bloqué par une quarantaine de chefs d’entreprises du BTP. La hausse du prix du carburant pour les engins de chantier serait désastreuse pour Stéphane qui devra faire payer ses clients 10 % plus cher:

"Le coût du gasoil que je mets dans ma machine augmente, le coût du béton et celui du bitume augmentent donc c’est plus 10% sur les prix".

Alors pour ne pas en arriver là, le chef d'entreprise du BTP espère faire plier le gouvernement: "Le but c’est de rester là le moins longtemps possible. L’histoire peut se solutionner en une semaine", estime-t-il.

Avec une benne remplie de terre pour bloquer un peu plus le dépôt pétrolier, Bruno est lui aussi déterminé: "Cette augmentation du GNR met en péril notre entreprise. Le cancer de la France? Ce ne sont pas les artisans, ce n'est pas le GNR!" s'agace-t-il. "40 à 50% d'augmentation en 6 mois? Mais c'est juste impossible, je vais perdre entre 40 et 50.000 euros".

Les syndicats du bâtiment doivent être reçus lundi au ministère de l’Economie.

Romain Poisot (avec Guillaume Dussourt)