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Porte arrachée sur un vol Alaska Airlines: pourquoi le 737 Max est l'avion maudit de Boeing

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Un Boeing 737 Max d'Alaska Airlines a connu un grave accident vendredi dernier, avec le décrochage d'une porte en plein vol, heureusement sans conséquences humaines. L'enquête montre que des éléments seraient mal fixés sur d'autres appareils du même type. Une nouvelle catastrophe pour le constructeur américain.

L'enquête avance dans l’affaire du Boeing 737 d’Alaska Airlines et de sa porte arrachée. La porte a en effet été retrouvée dans le jardin d’un enseignant qui habite à Portland, dans l’Oregon. C’est de là qu’avait décollé le Boeing vendredi dernier et c’est là qu’il s’est reposé quelques minutes plus tard après ce rarissime accident. La porte arrachée a été retrouvée intacte et cela permettra certainement de comprendre ce qui s’est passé.

Les regards, pour l'instant, se tournent vers un sous-traitant de Boeing, Spirit Aéro Systeme. C'est une compagnie installée dans le Kansas et c’est là que la porte de cet avion flambant neuf avait été montée.

Des premiers résultats d'enquête inquiétants

Des inspections sont en cours sur tous les appareils du même type, et les premiers résultats sont inquiétants. Les deux compagnies américaines qui exploitent des 737 Max 9 disent avoir détecté des éléments mal fixés lors de ces vérifications. United Airlines a découvert des boulons mal serrés sur les portes condamnées sur ses appareils. C'est-à-dire les mêmes portes que celle qui s’est arrachée vendredi dernier.

Les inspections se poursuivent mais cela ne concerne qu’un type d'appareil très particulier, des avions dans lesquels on a supprimé une sortie de secours. Aucun de ces appareils n’est exploité par les compagnies françaises et européennes.

On sait aujourd’hui que la catastrophe a été évitée de peu parce que l’avion se trouvait à moins de 5.000 mètres d’altitude en phase de décollage. A cette altitude, la différence de pressurisation entre l'intérieur de l'appareil et l'extérieur n’est pas très importante et il n’y a pas eu d’effet d’aspiration. Un seul passager a eu sa chemise arrachée et a été légèrement blessé. Tous les autres sont indemnes.

Dix minutes plus tard, les choses auraient été radicalement différentes. A 10.000 mètres d'altitude, les personnels navigants et les passagers pas attachés auraient été aspirés par le trou dans la carlingue. L'oxygène aurait manqué, la température serait tombée à -40 degrés, et l’accident aurait été beaucoup plus grave.

Expliquez-nous par Nicolas Poincaré : Boeing 737 Max, l'avion maudit - 09/01
Expliquez-nous par Nicolas Poincaré : Boeing 737 Max, l'avion maudit - 09/01
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Pour Boeing, c’est une série noire qui se poursuit

Le 737 Max a été mis en service en 2017. Un an plus tard seulement, un premier crash a eu lieu. Un avion s’est abîmé en mer au large de l'Indonésie avec 189 personnes à bord. Et six mois plus tard, deuxième catastrophe, un avion s'écrase peu après son décollage en Ethiopie, faisant 157 morts.

Tous les 737 Max ont alors été cloués au sol. On a découvert qu’il y avait un défaut dans le système de contrôle en vol. Aux Etats-Unis, il a fallu attendre près de deux ans pour que ces avions aient le droit de redécoller. En Europe, encore un an de plus. En Chine, c’est seulement l’an dernier que l’exploitation des 737 Max a été de nouveau autorisée.

Tout cela a marque la fin d’un âge d’or, alors que Boeing a régné sur le monde avec le 737, l’avion le plus vendu de l’histoire de l’aviation. A sa grande époque, dans les années 2000, il y avait à chaque instant 1.200 Boeing 737 en vol dans le monde et un appareil qui se posait ou qui décollait toutes les deux secondes.

Mais les Européens sont venus contester ce succès avec l'Airbus A320. Et les ventes ont reculé. Le 737 Max est la quatrième génération des 737 depuis le lancement en 1967. Il était censé relancer Boeing, mais on l’a vu, rien ne s’est passé comme prevu.

Résultat, Airbus et son dernier A321 Néo sont désormais largement n°1 dans le monde. Avec un carnet de commandes rempli jusqu’en 2035.

Nicolas Poincaré (édité par J.A.)