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Privatisation des radars embarqués: "les conducteurs doivent avoir peur d'être contrôlés"

Un radar embarqué.

Un radar embarqué. - Alain Jocard - AFP

L'association 40 millions d'automobilistes a dénoncé lundi la "privatisation" des radars embarqués, prévu d'ici septembre, et dictée selon elle par l'"excellente opération financière" que cela représenterait pour l'Etat. Un discours qui agace Julien Thibault, secrétaire général de l'association Victimes et Citoyens, pour qui ces radars embarqués sont une arme indispensable pour faire baisser la mortalité routière.

Julien Thibault est le secrétaire général de l'association Victimes et Citoyens, qui vient en aide aux victimes de la route et à leurs proches. Son association est favorable à la privatisation des radars mobiles embarqués.

"Les radars embarqués sont un outil de répression sous-utilisé parce qu'en effet, les forces de l'ordre passent très peu de temps dans les véhicules pour faire des contrôles. Pour conduire ces véhicules on n'a pas besoin d'être aussi qualifié qu'un policier. Les confier à des sociétés privées, c'est pour nous une bonne solution. Il n'y a aucune justification valable au fait que ces véhicules doivent être conduits par des forces de l'ordre. Je préférerais les voir aux bords des routes faire des contrôles d'alcoolémie et de stupéfiants.

"On sait où sont installés les radars fixes"

On sait très bien qu'on ne va pas avoir d'embauches au niveau des forces de l'ordre et il faut trouver des solutions pour qu'il y ait des présomptions de contrôles sur la route. On a besoin de contrôles pour freiner les comportements de certains conducteurs. C'est de la répression pure, c'est vrai, mais on en a besoin. Les conducteurs doivent avoir peur d'être contrôlés pour regarder leur compteur et respecter les limites de vitesse.

On sait où sont installés les radars fixes, qui sont indiqués, et ceux qui prônent la vitesse ont des outils comme les 'assistants à la conduite communautaire', qui indiquent la présence des radars et des contrôles policiers. Les radars embarqués créent de l'incertitude et ça reste le meilleur outil de répression sur la vitesse, puisqu'on ne sait pas quels véhicules en sont équipés. Les contrôles doivent être faits sur toutes les routes, et non pas avec des radars fixes dont on connaît l'emplacement, mais grâce à des radars embarqués.

"Les recettes des radars sont infimes"

Ce discours, notamment de l'association 40 Millions d'automobilistes, autour des radars qui ne seraient qu'une façon de faire de l'argent sur le dos de l'automobiliste, présenté comme la vache à lait, est insupportable alors qu'on sait très bien que les recettes des radars sont infimes par rapport au coût de la sécurité routière chaque année (cf. encadré). Les usagers de la route doivent comprendre qu'ils doivent respecter les règles de conduite, mais surtout la vie des autres.

On oublie que la délinquance routière est une catastrophe quotidienne: ce sont chaque jour 20 blessés graves qui vont vivre avec des séquelles définitives, ce sont des familles anéanties parce qu'il y a un mort toutes les trois heures sur la route. La réalité c'est cette tragédie quotidienne dont on n'entend pas parler, puisque ce dont on entend parler, ce sont les critiques des lobbies qui défendent soi-disant la liberté de l'automobiliste. On a besoin de solutions afin d'arrêter cette tragédie humaine et les radars embarqués en font partie".

Ce que rapporte les radars

Les radars ont rapporté l'an dernier 920 millions d'euros à l'État, alors que dans le même temps, le gouvernement prévoit de consacrer 3,3 milliards d'euros à la Sécurité routière en 2017.

Propos recueillis par Philippe Gril