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Prix des TGV: "Une baisse des tarifs aidera les cadres et pas les familles" tranche une spécialiste

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Les prix des TGV ont augmenté pour la période estivale par rapport à l'année passée. De quoi décourager les usagers et notamment les familles plus ou moins nombreuses qui se rabattent vers la voiture.

La rançon du succès à la SNCF. Les réservations de billets de train pour la période estivale ont plus que doublé par rapport à l'année précédente. Résultat, les prix s'envolent, notamment sur les trajets en TGV. Selon le comparateur Kelbillet, les prix ont augmenté de 20% en moyenne entre 2023 et 2024.

Une politique tarifaire qui passe mal auprès des usagers alors que les injonctions à privilégier le train à la voiture et l'avion sont nombreuses. Avec sa femme et ses filles, Michaël, qui habite en Essonne, avait abandonné la voiture pour le train, préférant louer un véhicule à l'arrivée. Mais il constate que les prix ont explosé: "Pour aller à Toulon-Hyères, on trouvait des billets à 100 euros par tête, aujourd'hui c'est impossible". Il assure être retourné à ses pratiques d'antan et refaire la route en voiture.

Le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou l'assure, les prix des billets de TGV se situent autour de 45 euros en moyenne depuis des années. "Entre 2023 et 2024, 40% des trajets n'ont pas augmenté", avance-t-il ce vendredi sur RMC et BFMTV.

Pourquoi les prix sont si élevés?

"L’Etat ne donne pas d’argent pour les TGV et ce qui est cher, ce sont les TGV", précise sur le plateau des Grandes Gueules Patricia Perennes, ancienne économiste à la SNCF et spécialiste du transport ferroviaire. Et la demande a explosé depuis la fin de la pandémie de Covid-19, faisant monter les prix.

Les bénéfices réalisés par le TGV permettent de réaliser d'autres choses. "La SNCF reste une entreprise 100% possédée par l'Etat et les bénéfices, plus d'1 milliard d'euros cette année, ont permis d'entretenir le réseau ferroviaire", défend Patricia Perennes.

Elle préconise de prioriser certaines catégories de population pour octroyer des réductions. "Il faudrait peut être cibler certaines catégories avec un tarif spécial comme les familles de classe moyenne qui prennent le train une fois par an pour aller à la mer. C'est vrai qu'il y a un manque", reconnaît-elle, préconisant d'utiliser le "tarif congé annuel que personne ne connaît et qui permet de bénéficier de billets à mois de 25%".

Une baisse générale des prix ne changera rien, estime cependant Patricia Perennes: "Dans les TGV, 80% des gens sont des cadres. Si vous baissez les tarifs, vous allez aider les cadres et pas les familles. Même le week-end, ce sont des cadres parisiens qui vont en week-end", précise-t-elle. "Qui a besoin de se déplacer à longue distance? Ce sont des gens qui ont des maisons secondaires et habitent dans les grandes villes et ça l'a toujours été", assure la spécialiste des transports.

"Vous pouvez rendre le TGV gratuit, ça ne changera rien, ce n’est pas l’unique barrière. Il faut savoir qui se déplace parce qu'une fois à destination, il faut payer un hôtel ou une location", ajoute Patricia Pérennes.
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Des politiques de prix parfois opaques

Mais même pour des usagers réguliers qui auraient les moyens, les prix sont exorbitants. C'est le cas de Stéphane, qui vit dans les Landes et se rend chaque semaine à Paris pour travailler: "Au début, je payais l'aller-retour 80 euros, on m'a conseillé une carte avantage à 49 euros annuels pour payer -30%. J’ai remboursé ma carte en deux trajets mais depuis, je n’ai aucun billet à -30%".

"Je me retrouve à payer des allers-retours à 190 euros en semaine. On m’a proposé une carte avantage Maxi+, c’est 650 euros par mois et ça ne marche que du lundi au jeudi. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi certains jours à certaines heures, les prix passent du simple au double", détaille-t-il.

Malgré les prix en hausse, le succès est au rendez-vous. En deux semaines seulement, la SNCF a déjà vendu plus de 2 millions de billets de trains, soit 10% de l'offre estivale.

Guillaume Dussourt Journaliste BFMTV-RMC