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Saint-Denis: les mères mobilisées contre le trafic de drogue devant l'école de leurs enfants victimes de graves menaces

Ils voulaient protéger l'école de leurs enfants des trafics de drogue avoisinants, mais des habitants de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), principalement des mères, sont victimes de sérieuses menaces de la part des personnes impliquées dans le trafic, et certains veulent être relogées.

Des habitants de Saint-Denis se mobilisent contre le trafic de drogue, en formant notamment une chaîne humaine devant l'établissement scolaire de leurs enfants. Nous avions évoqué leur histoire en juin dernier.

Mais depuis leur mobilisation, certains de ces habitants sont menacés et intimidés en guise de représailles. Une situation intenable, à tel point que certains demandent à être relogés.

Nous avons rencontré une mère de famille qui habite le quartier, mobilisée depuis le début dans la lutte contre le trafic de drogue. Après avoir reçu des menaces elle n’en peut plus.

"J'ai la boule au ventre le soir en rentrant"

Constance vit seule avec ses deux jeunes enfants, dans une tour de la cité Dourdin. De sa fenêtre, elle assiste quotidiennement au trafic de drogue. Mais depuis qu’elle s’est engagée contre, elle n’est plus une simple spectatrice, mais une cible.

"Le matin quand je sors de chez moi je suis sereine parce que je sais qu'il n'y a personne. mais le soir je ne vous cache pas que pour rentrer je ne suis pas du tout tranquille. J'ai la boule au ventre de voir qui je vais croiser devant le bâtiment ou dans le quartier.
Ce qui fait que je me sens inconfortable c'est que je reçois des menaces. j'ai une étiquette de balance, de baveuse. A l'heure actuelle je ne me sens pas en sécurité dans le quartier dans lequel j'habite."

"Se faire insulter devant ses enfants, se faire menacer sans cesse... Je me dois de me protéger."

La situation est devenue intenable, Constance cherche ainsi à déménager.

"Je n'ai pas envie de quitter cette ville. mais aujourd'hui se faire insulter devant ses enfants, se faire menacer sans cesse... Je me dois de me protéger. Ca peut-être vu comme s'ils avaient gagné. Moi de toutes façons je n'ai rien à gagner à rester là si ce n'est que la situation s'envenime."

Une réunion ce vendredi soir à la mairie

Constance et d’autres mères de famille dans le même cas ont bien tenté de contacter leur bailleur social, mais en vain. Elles espèrent que la réunion avec la mairie de Saint-Denis fera avancer leur dossier. Florence Haye, adjointe au maire, ne compte pas les abandonner.

"On s'engage à être aux côtés de ces mamans-là pour trouver des solutions. Nous allons interpeller les bailleurs, et nous prendrons nos responsabilités. S'il faut proposer des logements, nous mobiliserons notre contingent municipal."

Mais certaines habitantes ont déjà peur de se voir proposer des logements dans des quartiers tout aussi dangereux. Une réunion très attendue est prévue ce vendredi soir à 18 heures entre deux adjoints de la mairie de Saint-Denis et 5 mamans qui se mobilisent.

Maxime Brandstaetter (avec J.A.)