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SNCF: pourquoi le président, Jean-Pierre Farandou, veut faire payer les transports concurrents

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Dans "Apolline Matin" ce jeudi sur RMC et RMC Story, Emmanuel Lechypre analyse la déclaration du président de la SNCF Jean-Pierre Farandou, qui veut mettre à contribution les autres modes de transport, polluants, pour financer le plan de modernisation du ferroviaire.

Jean-Pierre Farandou, le président de la SNCF, a quelques idées pour financer le plan de 100 milliards d'euros promis par le gouvernement pour moderniser le ferroviaire d’ici 2040.

Il n’est pas tombé de la dernière pluie, le patron de la SNCF. Il sait très bien que si les financements d’un plan de cette envergure ne sont pas sécurisés le plus vite possible, ce plan d’investissement sera sans cesse repoussé. Alors que le réseau a 30 ans en France, 17 en Allemagne, 15 en Suisse.

C’est pourquoi il propose de solliciter la nouvelle taxe carbone européenne, avec 14 milliards d’euros attendus par an à l’échelle de l’Europe, mais pas avant 2026 ou 2027 et donc pas assez. C’est pour cela qu’il veut aussi taxer les autres modes de transport qui ont un impact plus négatif que le train sur l’environnement. Sont visés l’avion, les poids lourds et les autoroutes.

Une idée brillante qui n’a que des avantages pour la SNCF: faire financer les investissements futurs par d’autres… qui sont ses concurrents.

Le train plus cher que l’avion et la voiture sur Paris-Marseille

C’est une façon d’éviter pour la SNCF que les écarts de prix se creusent trop en sa défaveur. Elle a déjà annoncé une hausse de 5% des prix des billets cette année, sans doute autant en 2024 et 2025, à cause des frais de péages acquittés à SNCF réseau (40% du prix des billets), qui sont la principale source de financement des investissements de la SNCF.

Et le train est déjà souvent le mode transport le plus cher en France. Aujourd’hui, l’avion est fréquemment moins cher que le train. Sur Paris-Marseille par exemple, on peut trouver des billets d’avion à une cinquantaine d’euros, contre 75 euros en train.

En voiture, Paris-Marseille à deux, c’est 135 euros (dont une soixantaine d’euros de péage), contre 150 euros en train.

L’idée de Jean-Pierre Farandou, c’est bien que toutes les mobilités coûtent plus cher au profit de la seule SNCF, au motif du verdissement de cette mobilité.

Emmanuel Lechypre