Taxe poids lourds en Alsace: "Ça met des entreprises en danger", les routiers manifestent

Mieux vaut éviter de prendre l'autoroute en Alsace, ce lundi matin. Une grosse opération escargot des chauffeurs routiers est prévue entre Mulhouse et Strasbourg. Ils manifestent contre une taxe sur les poids lourds qui pourrait voir le jour début 2027.
Un mouvement qui rappelle les protestations des Bonnets rouges, en Bretagne, dans les années 2010. Derrière ce nouveau projet, deux départements alsaciens traversés par l’A36 et l’A35. Ils veulent réguler le nombre de poids lourds qui utilisent les autoroutes, gratuites, de la région. Ce qui fait hurler les transporteurs routiers. Ils jugent que cette écotaxe risque de faire mourir de nombreuses entreprises.
Poser les yeux sur une carte de l’Alsace fait naître un peu d’angoisse dans le regard de Michel Chalot. “Le réseau concerné, c’est ce qu’on appelle l’axe nord-sud”, indique-t-il. 200 kilomètres d’autoroute sur lesquels les 52 camions de son entreprise de transport devront payer cette écotaxe poids lourd. Une quinzaine de centimes par kilomètres à partir de 2027. Michel, le patron, a donc fait ses comptes.
“Ça fait presque 160.000 euros par an. Ça représente 1,5% du chiffre d’affaires et donc ça met des entreprises en danger”, estime-t-il.
Les camions venant de pays étrangers visés
Si le département veut imposer cette écotaxe, c’est parce que de plus en plus de camions étrangers utilisent ces routes, en transit. Ça leur permet de contourner l’Allemagne et de ne pas payer la taxe poids lourd en vigueur de l’autre côté du Rhin.
“On est devenu un aspirateur à camions. Ce trafic de transit n’aura plus d’intérêt à traverser le Rhin. On estime la recette autour de 65 millions dont plus de 32 millions seront versés par des entreprises étrangères qui aujourd'hui ne versent pas de contribution alors qu’elles abîment les routes”, justifie Frédéric Bierry, président de la Communauté européenne d’Alsace.
Des routes qui seront donc mieux entretenues grâce à ces recettes. L’Alsace promet d’accorder des aides aux entreprises locales touchées par cette écotaxe.