Uber annonce un plan pour la prise en charge du handicap après l'agression d'un passager aveugle

En mars dernier, Anthony, 33 ans, commande un VTC sur la plateforme Uber pour emmener sa fille à l’école. Aveugle, il est accompagné de son chien-guide Népia, un croisé Golden retriever noir. Mais en arrivant, le chauffeur refuse de les prendre en charge. C’est illégal: Anthony tente de lui expliquer, le chien monte dans la voiture comme à son habitude. Le conducteur arrache Népia du véhicule et frappe Anthony aux côtes, et tout a été filmé.
Anthony s’en est sorti avec une côte fracturée. A l’époque, Uber, contacté par RMC, avait suspendu définitivement le chauffeur. Le ministère chargé du handicap avait lui fermement condamné l’agression et avait demandé à Uber d’en faire plus pour sensibiliser ses conducteurs.

Un plan de formation des chauffeurs
Pendant des mois, le ministère chargé des personnes handicapées et la plateforme ont discuté, accompagnés par des associations. De leurs débats est né un plan d’action de Uber, avec une série de mesures effectives immédiatement. D’abord du très concret: plusieurs milliers de chauffeurs vont recevoir des couvertures de protection pour que les chiens-guides ne laissent pas de poils dans leur véhicule. Cela peut paraître dérisoire mais c’est très important. Lorsque les conducteurs refusent de prendre en charge un chien-guide, c'est souvent parce qu’ils ont peur d'abîmer leur voiture ou de devoir la nettoyer. Ils n’auront donc maintenant plus d’excuses.
Plus largement, Uber renforce aussi la formation de ses chauffeurs. Depuis un mois, une centaine d’entre eux sont sensibilisés chaque semaine. Une vidéo éducative sera bientôt intégrée dans l’application. Les 35.000 conducteurs de la plateforme devront obligatoirement la regarder s’ils veulent continuer à travailler.
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Des séquelles physiques toujours présentes
Anthony a aujourd'hui a encore des séquelles physiques mais psychologiquement, il va mieux. Il a participé aux discussions à l'origine du plan et en est très fier.
"Ça fait trois ans que je dis à Uber qu'il faut travailler sur la question. Je suis forcément content que Uber ait pris l'initiative de travailler sur ces questions-là et d'avoir travaillé sur ces questions", estime-t-il, donnant rendez-vous dans six mois pour un premier bilan.
Il parle d'une "belle première étape", attend de voir s'il faut des ajustements et se félicite qu'un cadre soit désormais posé. Des passagers tests commanderont des courses aléatoirement pour vérifier que le plan fonctionne.
Anthony et la ministre chargée des personnes handicapées lancent aujourd’hui un appel: ils incitent toutes les autres plateformes de chauffeurs à prendre des mesures similaires.