Uber France veut ouvrir sa plateforme aux taxis: "C'est une fausse main tendue"

- - AFP
"On va regarder comment on va le faire, mais on veut permettre aux taxis d'utiliser la plateforme Uber, on encourage toutes les plateformes qui existent, pas seulement Uber mais nos concurrents, Chauffeur-Privé, SnapCar, etc., à faire la même chose", a annoncé ce mercredi Thibaud Simphal, directeur général d'Uber France.
Cette annonce intervient dans la foulée d'une décision du Conseil constitutionnel estimant qu'un chauffeur de taxi pouvait aussi être conducteur de voiture de transport avec chauffeur (VTC) et à quelques jours d'une nouvelle mobilisation nationale des taxis contre les "dérives" du secteur des VTC. Mais, comme a pu le constater RMC dans une station de taxis parisienne, l'invitation du patron d'Uber fait l'effet d'une mauvaise blague.
"On coule le taxi"
Armand est chauffeur de taxi depuis plus de 20 ans. Et s'il souffre de la concurrence des VTC, pas question de retourner sa veste pour autant. "Ils n'ont rien à donner, ils veulent plutôt prendre", estime-t-il avant d'ajouter: "Cela va à l'encontre même de l'économie que nous avons, de l'intérêt du commerce. On est en train de donner un petit pan de notre veste à quelqu'un et un jour on n'aura plus de veste, tout simplement".
Mais certains chauffeurs auraient déjà franchi le pas assure Oscar, taxi depuis 15 ans, qui jure avoir vu ces derniers mois plusieurs collègues se convertir au VTC pendant les heures creuses. "Il cache la plaque taxi et cela devient une voiture banale, détaille-t-il. Ils le font pour arrondir un petit peu les fins de journée. Mais si on se met tous à faire du VTC, on coule le taxi".
Des inquiétudes balayées par le directeur de la communication d'Uber, Grégoire Kopp: "Les taxis semblent souffrir et se poser des questions sur leur avenir c'est pourquoi nous voulons leur ouvrir Uber. Le secteur du transport à la demande est en plein boom. Il serait dommage et il n'y a aucune raison que les chauffeurs de taxi ne puissent pas en profiter. Il y a vraiment de la place pour tout le monde".
"Une belle opération de comm"
Une main tendue en direction des taxis perçue plutôt comme "une belle opération de communication pour que le nom d'Uber rentre dans la tête de tout le monde", considère Didier Hogrel, président de la Fédération nationale du Taxi (FNDT). "Pour être en parfaite légalité, il faudrait que le chauffeur ait deux voitures: l'une quand il est en taxi, munie des équipements spéciaux, l'autre pour les courses VTC, explique-t-il encore.
"On ne va pas non plus nourrir la flotte de voitures Uber pour qu'il y ait toujours des véhicules de disponible, poursuit Didier Hogrel. C'est donc une fausse main tendue envers la profession, d'ailleurs ce n'est même pas une main tendue. A la limite c'est une proposition qui veut faire tourner les taxis en ridicule".