Un bouton crucial actionné pour le crash d'Air India: origine humaine ou mécanique, le mystère persiste

Le mystère reste entier autour des causes du crash du Boeing d’Air India, survenu il y a un mois. Le 12 juin dernier, le vol AI 171, quitte l’aéroport d’Ahmedabad, la 6e ville de l’Inde, à 13h38. Le Boeing 787 Dreamliner doit rallier Londres mais il s'écrase 30 secondes après son décollage, sur une zone habitée.
Un seul passager a survécu, les autres ont tous péri: 241 personnes à bord sont mortes et 19 victimes ont été recensées au sol. En tout, on recense 260 morts soit la catastrophe aérienne la plus meurtrière depuis 2014.
Que s’est il passé ?
Un premier rapport préliminaire vient d’être publié par les autorités indiennes, un rapport qui pose davantage de questions, qu’il ne donne de réponses.
Dans ces 15 pages, on apprend tout de même la cause du crash: l’alimentation en carburant des moteurs a été brutalement coupée. Au pire moment, en pleine poussée pour prendre de l’altitude. Le Boeing avait atteint sa vitesse maximale, un peu plus de 300 km/h, lorsque deux interrupteurs situés dans le cockpit, un pour chaque moteur, ont basculé sur "arrêt", coupant l’arrivée du kérosène dans les réacteurs, ce qui a entraîné l’arrêt des deux moteurs, la perte de vitesse, et très vite, le crash fatal.
Comment ces interrupteurs ont pu être coupés
Mais comment ces interrupteurs cruciaux ont pu être coupés? C'est là que les boîtes noires sont intéressantes, parce qu’elles enregistrent les conversations dans le cockpit, entre le pilote et son copilote.
Ce que nous dit le rapport, c’est qu’on entend clairement l’un des deux demander à l’autre pourquoi il a coupé l’alimentation en carburant.
Le rapport ne précise pas qui parle. Mais selon le Wall Street Journal, les voix ont bien été identifiées, et c’est le copilote qui s’inquiète, qui panique même, alors que le commandant de bord, lui, reste étonnamment calme. Le journal évoque un scénario où c’est le pilote qui aurait actionné ces interrupteurs, pendant que son copilote tenait les commandes.
Le rapport, lui, ne tire aucune conclusion. Il ne détermine pas si l’interrupteur a été actionné de façon délibérée ou accidentelle et il ne publie pas non plus l’intégralité de la conversation dans le cockpit. Ce qui peut laisser cours à beaucoup d’interprétations.
Qui sont les deux pilotes?
Ce que l'on sait des deux pilotes, c'est qu'ils sont expérimentés, qu’ils n’ont jamais eu de souci particulier.
Le pilote a 56 ans, 30 ans de carrière, plus de 15.000 heures de vol. Il est encensé par ses collègues. Le copilote lui, a 32 ans et un peu plus de 3.000 heures de vol. Tous les deux avaient été déclarés aptes au service, et suffisamment reposés, avant le décollage.
D’où le mystère. Que s’est-il joué dans ce cockpit? Tous les experts français interrogés ces derniers jours s’accordent à dire que cela vient forcément d’une action humaine.
Sauf que ces interrupteurs nécessitent une double manipulation, a priori on ne peut pas appuyer dessus sans faire exprès. Généralement on y touche qu’au sol, lorsque l’avion est à l’arrêt. Ou bien lorsqu’il y a un problème moteur, mais là ce n’était pas le cas.
Alors le pilote a-t-il volontairement actionné ces interrupteurs ? Certains imaginent déjà une forme de suicide. Ou bien était-ce involontaire, voire inconscient? S’est-il trompé de bouton? Ou y-avait-il un problème technique?
On n'a toujours pas de réponses. Et les autorités indiennes appellent à ne pas tirer de conclusions prématurées.
Un enjeu économique énorme
L'accident est un énorme enjeu entre les Etats-Unis et l'Inde. Et c'est même une guerre de communication.
Côté indien, ce scénario d’une erreur humaine a fait bondir les associations de pilotes. Les autorités indiennes ont fait inspecter tous les interrupteurs de leurs avions mais n’ont rien trouvé d’anormal.
L'Inde fait tout pour préserver son image de sérieux, dans un moment où le pays veut moderniser ses infrastructures pour concurrencer les compagnies du Golfe.
Côté américain, cet accident tombe au plus mal aussi pour le constructeur Boeing. Son 787 Dreamliner n’avait jamais connu d'accident, mais il y a eu les deux crashs successifs des 737 max, en 2018 et 2019 et l’avionneur est aujourd'hui en très grande difficulté financière.
On comprend donc aussi l’intérêt de faire porter le chapeau au pilote indien. Le rapport définitif n’est pas attendu avant l’année prochaine.