Vote à Paris sur la végétalisation: "Leur idée est de chasser la voiture", dénonce Mobilité club France

Les Parisiens sont-ils "pour ou contre végétaliser et rendre piétonnes 500 nouvelles rues dans Paris". C'est la question à laquelle ils sont invités à répondre ce dimanche, dans le cadre de la votation citoyenne organisée par la mairie de Paris. Le scrutin est ouvert aux habitants de la capitale, dès l'âge de 16 ans.
Si le "oui" l'emporte, la municipalité promet de "massifier" la piétonnisation entreprise depuis le début du second mandat d'Anne Hidalgo en 2020, qui a déjà vu naître 300 rues du même type comme les "rues aux écoles". À partir d'avril, les voies éligibles seront identifiées à l'échelle des arrondissements, pour une mise en oeuvre d'ici trois ou quatre ans, avec l'objectif d'en déployer un quart dans les quartiers prioritaires de la ville.
"Les grandes villes ne pourront pas devenir des jardins à ciel ouvert", fait valoir Yves Carra, porte-parole de Mobilité club France
"Les décisions sont déjà prises. Si c'est oui, ils feront 500 rues. Si c'est non, ils en feront 480", raille ce dimanche sur RMC Yves Carra, porte-parole de Mobilité club France. "Leur idée de départ depuis des années, sous couvert écologique, c'est de chasser la voiture [...] "Pour, c'est en bleu, contre c'est en rouge, agressif, c'est orienté", dénonce-t-il.
Si les 500 rues-jardins voient le jour, 10% du stationnement de surface parisien disparaîtra. "Plutôt que d'être dans le déni en chassant la voiture, organisons plutôt que de désorganiser", poursuit Yves Carra.
500.000 € par rue
"On ne peut pas comparer les villes mais à Strasbourg, il y a une vraie politique depuis 25-30 ans avec des parkings relais et des tarifications faibles pour les transports. À Paris, les parkins relais sont quasiment impossible à faire aux portes de la ville, on n'a pas de place", affirme-t-il.
"On veut faire sortir la voiture à l'heure où elle est la plus verteuse, de moins en moins polluante, moins bruyante et plus sûre", regrette enfin le porte-parole de Mobilité club France.
Le coût moyen est estimé à 500.000 euros par rue, mais la totalité du projet n'est pas encore budgétée, a précisé le premier adjoint Patrick Bloche. Le vote de dimanche "n'a rien de neutre, c'est un choix de modèle ville tendant vers une ville-jardin où la nature irrigue la ville et où la place de la voiture est réduite. Ca mérite d'être tranché", affirme Christophe Najdovski, adjoint à la maire socialiste chargé des espaces verts.
"Communication démagogique"
Du côté des concernés, faut-il encore qu'ils soient tous au courant de l'organisation du scrutin. "Je n'ai pas fait attention, je n'ai pas vu les affiches", reconnaît Véronique, qui vit dans le XVe arrondissement de Paris. Ils ne comptent pas chambouler leur dimanche ! "Je ne pensais pas aller voter par flemme ou par manque d'intérêt", concède également son mari Christophe.
D'autres iront bien voter. "Il faut choisir. Je préfère les espaces verts et moins de circulation", tranche Hugues. "On va réduire les zones de circulation, on va créer des embouteillages et donc plus de pollution. Ce qu'on cherche d'un côté, on le perd de l'autre", hésite de son côté Monique.
Une votation critiquée notamment par les experts de l'urbanisme. "On ne connaît pas quelles rues vont être concernées, sur quel objet ça va se faire. Tout ça n'a pas de sens, c'est de la communication démagogique sous prétexte de végétalisation. Tout ça doit être réfléchi au cas par cas", souligne l'architecte Tangui le Dantec, co-fondateur du collectif "aux arbres citoyens".
Enfin, la votation laisse également sceptique l'opposition de droite, qui met en avant le faible taux de participation de ces consultations - moins de 8% des électeurs s'étaient déplacés pour les référendums sur le triplement du tarif de stationnement des SUV, en 2024, et l'interdiction des trottinettes électriques en libre-service, un an plus tôt.