“Un idéal de 35 kilos, c’est terrifiant”: le gouvernement met la pression sur les réseaux sociaux face aux TCA

L'application Tiktok sur un smartphone. - Drew Angerer / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP
Aurore Bergé et Clara Chappaz recevaient ludni les représentants des plateformes Meta, Snapchat, TikTok, Twitch, Youtube et X au ministère. À l'issue de cette entrevue, le gouvernement exige que les réseaux sociaux lui présentent des "règles claires" concernant le bannissement des utilisateurs diffusant des contenus problématiques, leur rappelant leur obligation de modération et brandissant la menace de sanctions. Les réseaux sociaux aussi pointés du doigt par de nombreux médecins pour leur responsabilité dans le développement des troubles des conduites alimentaires.
Pour rappel, les TCA constituent la deuxième cause de mortalité prématurée chez les 15-24 ans. Les acteurs du secteur pointent de plus en plus l'impact "dévastateur" des réseaux sociaux dans ces pathologies à travers la promotion de la maigreur, d'une alimentation ultra-contrôlée, et d'une activité physique acharnée et la diffusion de fausses informations en nutrition.
"Il y a une marge de progression significative et c'est la raison pour laquelle on va les revoir et on va continuer à y travailler collectivement", a indiqué la ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé. Les réseaux sociaux seront à nouveau convoquées "avant mi-juillet" pour voir les évolutions concernant les règles pour leurs utilisateurs. Le gouvernement veut également savoir si des comptes particulièrement problématiques qu'ils leur ont signalés seront "bannis" ou non, et "sur quels critères".
"On vise un idéal qui n'est pas humain"
Car il y a de nombreux contenus prônant la maigreur, de quoi influencer les plus jeunes. 43 kilos: c'était le poids maximum de Yousra quand elle était anorexique. Depuis plus d'un an, c'est terminé, mais ces publications qui prônent l'extrême minceur sont pour elle comme un poison: "ça ravive parfois un sentiment de mal-être, que c'est ma faute et que j'agis mal envers moi-même et mon propre corps. Ça me donne un certain sentiment de culpabilité".
Voir des influenceurs montrer leurs corps presque squelettiques, culpabiliser des personnes plus jeunes qu'elle. Une chose insupportable pour Yousra. “Ça pousse les jeunes femmes à atteindre des idéaux de beauté qui ne sont pas inatteignables. On vise un idéal qui n'est pas humain. On pense qu'un idéal de 35 kilos est la normalité et c'est aberrant, c'est affolant et c'est terrifiant aussi."
Pas de contrôle
L'étudiante s'agace de discours qui font des réseaux sociaux un endroit dangereux pour les jeunes. Des contenus très accessibles qui donnent un sentiment d'impuissance aux nutritionnistes comme le Dr Arnaud Cocaul:
"Quelqu'un qui est seul avec son portable, vous ne pouvez absolument pas contrôler. On n'a aucun pouvoir de contrecarrer ces informations qui échappent à toute voie classique."
Il insiste: toute personne, et particulièrement les jeunes, qui souhaite perdre du poids doit demander une expertise médicale ou pharmaceutique avant de se lancer.