"Un mot dit, c’est comme un coup de couteau qu’on reçoit": le témoignage de la mère de Mélissa qui s'est suicidée sous l'emprise de son compagnon
Des milliers de personnes attendues demain dans les rues de Paris pour dénoncer les violences faites aux femmes. À la veille de cette marche et alors que le Grenelle contre les Violences Conjugales se termine lundi, Marlène Schiappa dévoile d'ors et déjà quelques mesures. La secrétaire d'Etat aux Égalités Femmes-Hommes veut notamment intégrer une nouvelle circonstance aggravante dans la prise en compte du harcèlement moral, et ainsi juger les conjoints violents aux assises, et les condamner plus lourdement.
Une mesure que soutient pleinement la maman de Mélissa, qui s'est suicidée en 2016 à Chambéry. La jeune femme était sous l'emprise son compagnon.
Sur toutes ces photos, Mélissa a le sourire. Un sourire que la jeune femme de 23 ans avait perdu au contact de son compagnon selon Corinne, sa maman.
"C’est une fille qui était joyeuse qui aimait travailler, qui aimait avoir des amis, qui aimait sortir. Et puis petit à petit, je pense que c’est l’emprise. Ce sont des violences verbales, c’est du chantage. La seule porte, c’est de se sauver, et la seule porte qu’elle a croisé, c’était cette fenêtre", affirme-t-elle.
En 2016, cette employée dans une station de ski saute du deuxième étage d'un immeuble de Chambéry. L'enquête démontre alors que ce sont les violences verbales répétées de son conjoint qui sont à l'origine de son geste. "Elle ne s’est pas jeté en disant ‘j’en ai marre de la vie’. C’était pour nous une fuite, il fallait qu’elle parte et la seule porte de sortie, c’était celle-ci", indique-t-elle.
Jugé en juin prochain
La future reconnaissance du suicide forcé, annoncée par Marlène Schiappa, est donc une bonne nouvelle pour Corinne.
"Je compare presque à des coups de couteau. Un mot dit, c’est comme un coup de couteau qu’on reçoit et je ne veux plus que ça recommence. Et je ne veux pas nous plus que d’autres personnes le fasse à d’autres femmes", affirme-t-elle.
Le procès de l'ancien compagnon de Mélissa aura lieu en juin prochain. Il encourt 5 ans de prison et 75.000 d'amende. Selon l'un des groupes de travail du Grenelle, 217 femmes se seraient donnés à la mort en 2018 à cause de violences conjugales.