"Un moyen de se libérer, se détendre": le nombre de licenciés en club de tir sportif explose

Le nombre de licenciés dans les clubs de tir sportif augmente d'année en année. En 2015, ils étaient 180.000, ils sont près de 300.000 aujourd'hui et l'augmentation se poursuit encore. On recense 10 000 licenciés de plus qu'au mois de septembre dernier selon Fédération française de tir.
C'est le cas au club de tir de Vierzon dans le Cher. Ils étaient 180 licenciés il y a 2 ans, sont désormais 220. Parmi eux, Fabrice, 46 ans, qui s'avance sur le pas de tir avec son glock, un pistolet. Casque sur les oreilles, il explique qu'il a repris le tir sportif il y a 5 ans.
"C'est un travail sur soi, quand on fait ça, on ne pense pas aux petits tracas de la vie, c'est un moyen de se libérer mentalement", explique-t-il à RMC.
Certains y vont par sentiment d'insécurité
Alizée, 26 ans, a un profil totalement différent. Enseignante, cela fait un mois qu'elle tire ici: "Quand on fait des métiers qui peuvent être assez stressants, ça aide à se détendre. Quand on tire, on ne pense à rien". Elle dit avoir été attirée par la discipline grâce aux Jeux olympiques qui continue de booster cette augmentation du nombre de licenciés.
D'autres n'ont aucune volonté sportive et s'inscrivent pour se défendre, pour s'armer à cause d'un sentiment d'insécurité. C'est ce que constate Yves Gollety, le président de la chambre syndicale des armuriers: "On a toujours une certaine partie de la population qui se sent menacée. On en a tout le temps, surtout après les attentats du Bataclan ou dès qu'il y a un acte de terrorisme".
Pourtant le tir sportif n'a pas vocation à être un entraînement à la légitime défense. Ça doit rester un loisir. Pour faire le tri entre la passion du sport et les tireurs qui pourraient avoir des motivations douteuses, il y a des procédures de sécurité. Pour entrer dans un club de tir, il ne faut pas être répertorié au fichier national des personnes interdites d'acquisition et de détention d'armes, c’est obligatoire. Si votre profil ressort dans le fichier : interdiction de tirer et le club doit vous signaler directement aux forces de l'ordre.
"Il n'y aucun intérêt à avoir une arme pour se défendre"
Ensuite le candidat à une licence, est testé, interrogé par les bénévoles tout au long de sa formation. Norberto Carcy le président du club a déjà reçu des demandes un peu spéciales: "J'ai eu des demandes du genre 'mon voisin m'embête, j'ai peur, j'ai envie d'avoir une arme', 'je veux tirer à balles réelles', ce n'est pas conforme à la demande de la Fédération de tir sportif. On est là pour faire du tir sportif, pendant la durée de formation au maniement des armes, des observations sont faites sur le comportement, la façon dont les gens s'intègrent. Il y a beaucoup de garde-fous".
Fabrice a un pistolet chez lui. Et il y a des règles, il faut le garder dans un coffre-fort, ou dans une mallette avec un code lorsqu'il le transporte. Mais lui l’assure, son pistolet, c’est pour le sport, jamais il ne l’utiliserait pour se défendre: "Il n'y a aucun intérêt d'avoir une arme pour se défendre, il y a la police ou la gendarmerie pour ça. Ce serait une pure connerie de s'en servir", assure-t-il.
Entre l’inscription dans un club et le moment où l’on peut posséder une arme, il y a énormément d’étapes. Vous devez vous entraîner pendant plusieurs mois en étant surveillé par le président du club. Puis faire trois tirs contrôlés, chacun espacés de 2 mois. Il faut enfin se rendre à une audition devant la police qui va vérifier que vous avez les bonnes motivations. En moyenne cela prend plus d'un an.